Obama recevant en 2011 Béji Caïd Essebsi, alors Premier ministre de Tunisie Le président tunisien Béji Caïd Essebsi entame mercredi une visite officielle de deux jours aux Etats-Unis pour obtenir davantage d'assistance militaire face à la menace jihadiste et au chaos dans la Libye voisine. M.Caïd Essebsi, devenu à 88 ans le premier chef d'Etat élu démocratiquement au suffrage universel en Tunisie, s'entretiendra demain avec son homologue américain Barack Obama, après une rencontre aujourd'hui avec le secrétaire d'Etat John Kerry. En invitant le président tunisien, les Etats-Unis entendent afficher leur soutien à ce pays considéré comme le seul rescapé des révoltes arabes, «après les élections démocratiques historiques» de la fin 2014 selon la Maison Blanche. M.Caïd Essebsi doit également rencontrer au cours de sa visite le vice-président Joe Biden et les secrétaires d'Etat américains à la Défense et au Commerce, d'après le porte-parole de la présidence tunisienne, Moez Sinaoui. «Ce que nous attendons de cette visite, c'est le renforcement des capacités militaires et sécuritaires tunisiennes par des équipements et aussi des formations», a déclaré lundi à la presse M.Sinaoui. Le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken avait indiqué le mois dernier à Tunis que son pays entendait doubler son assistance à l'armée et aux forces de sécurité tunisiennes en 2016, en les aidant notamment à «gérer les frontières». La semaine dernière, les Etats-Unis ont annoncé la livraison de 52 véhicules militaires de type Humvee et d'un navire de patrouille à l'armée tunisienne. La Tunisie doit encore recevoir en 2016 quatre autres navires américains. Des groupes armés sont retranchés depuis 2012 à la frontière ouest de la Tunisie, tandis que le chaos en Libye a favorisé les trafics en tous genres avec la Tunisie, notamment d'armes à destination de jihadistes, selon les autorités. En outre, la diplomatie tunisienne tentait toujours de négocier la libération de 172 de ses ressortissants détenus en Libye par un groupe de la coalition de milices, notamment islamistes, Fajr Libya, en représailles à l'arrestation à Tunis de l'un de ses chefs. «Il est naturel que la lutte antiterroriste soit l'un des principaux sujets» de discussion entre M.Essebsi et les responsables américains, a ajouté M.Sinaoui, en citant aussi le dossier libyen. La Tunisie est confrontée depuis la révolution de 2011 à l'essor d'une mouvance jihadiste armée responsable de la mort de plusieurs dizaines de policiers et de militaires ainsi que de l'attentat, revendiqué par l'organisation Etat islamique, contre le musée du Bardo en mars (22 morts dont 21 touristes étrangers). La coopération économique sera aussi abordée par le président tunisien, qui emmène avec lui le ministre des Finances Slim Chaker. En mars, M.Obama avait encouragé la Tunisie à mener des réformes pour relancer son économie et pérenniser les progrès démocratiques enregistrés depuis la révolution de 2011. «Le progrès démocratique de la Tunisie et le progrès économique de la Tunisie vont main dans la main», avait-il souligné dans un message vidéo lors d'une conférence consacrée à l'investissement en Afrique du nord. «Lorsque les lois et règlements sont véritablement accueillants pour les investissements étrangers, lorsque l'Etat de droit et la transparence permettent aux entreprises de jouer selon les mêmes règles, c'est là que le commerce et l'investissement fleurissent, c'est comme ça que de nouveaux emplois sont créés», avait-il ajouté, évoquant un «chemin long et difficile» vers la prospérité. Ces réformes, annoncées à maintes reprises par les différents gouvernements qui se sont succédé depuis 2011, n'ont pas été mises en oeuvre, la Tunisie ayant fait face à une succession de crises politiques et de conflits sociaux. M.Caïd Essebsi avait déjà été reçu par Barack Obama à Washington en octobre 2011, lorsqu'il était Premier ministre. D'après M.Sinaoui, les deux présidents doivent également co-signer une tribune dans le grand quotidien américain The Washington Post.