Que se passe-t-il à la maison du vieux parti? Un sit-in aura lieu aujourd'hui devant le siège national à Ben Aknoun, à l'appel du mouvement de redressement. A 72 heures de l'ouverture des travaux du Xe congrès du FLN, la boussole est perdue. Alors que la direction nationale du FLN, conduite par le secrétaire général, Amar Saâdani, imposé à la tête du parti dans les conditions que l'on sait, poursuit les préparatifs du congrès, comme si de rien n'était, les adversaires affûtent leurs armes. Le coordinateur du mouvement de redressement, Abdelkrim Abada, a appelé à un sit-in qui aura lieu aujourd'hui même devant le siège national à Ben Aknoun pour réclamer l'annulation pure et simple du congrès, dont le début des travaux est fixé par M.Saâdani pour ce jeudi 28 mai. Le groupe de Abderrahmane Belayat qui a scellé une alliance de conjoncture avec celui du sénateur Salah Goudjil et le mouvement de redressement (les trois tendances avaient déjà installé une cellule de crise) multiplie les réunions au niveau d'une somptueuse villa à El-Biar, qui fait office de permanence parlementaire des députés contestataires. Ainsi, à la veille du prononcé du verdict, dans l'affaire opposant les pro et anti-Saâdani, par la chambre administrative de Bir Mourad Raïs qui doit statuer sur l'égalité ou non du congrès, ce mercredi 27 mai, la situation empire au sein de l'ex-parti unique. Le parti majoritaire, trônant sur la quasi-totalité des assemblées élues (locales et nationales) et dont le secrétaire général réclame, au nom de cette majorité, de former et diriger le gouvernement, offre une image affligeante à ses partenaires. Notamment, les partis étrangers et les diplomates accrédités à Alger invités, comme le veut la tradition, à assister à la cérémonie d'ouverture du congrès. En effet, à la veille de ce rendez-vous, l'incertitude est totale. Au moment où le chargé de communication du parti, Saïd Bouhedja, estime que la procédure judiciaire n'aura aucune incidence sur le déroulement du congrès, les frondeurs ne désespèrent pas que la décision de justice soit en leur faveur. «Nous avons tous les moyens juridiques et judiciaires pour empêcher la tenue du congrès prévu les 28, 29 et 30 mai. Si notre dossier n'était pas solide, la justice l'aurait rejeté facilement», a expliqué Abderrahmane Belayat, un des meneurs de la fronde contre Amar Saâdani. Le plus drôle dans cette histoire est qu'il n'y a aucun contact entre les deux parties. Les opposants ne reconnaissent pas la direction nationale, estimant qu'elle n'a aucune légitimité et Amar Saâdani se contente à chaque fois de rappeler que les contestataires ont le droit de participer à la préparation du congrès, en leur qualité de membres du comité central. A 72 heures donc de l'ouverture des travaux du congrès, la tension monte entre les deux camps, en attendant la décision du tribunal de Bir Mourad Raïs, si toutefois, le verdict est rendu ce 27 mai. Car, l'éventualité d'un nouveau report n'est pas écartée par les partisans de M.Saâdani. Et dans ce cas, la situation se compliquera davantage pour l'ex-parti unique.