Une rude tâche attend le nouveau P-DG «Sur le plan financier, nous avons des potentialités intéressantes que nous voulons consolider avec une meilleure qualité de service.» Mohamed Abdou Bouderbala, le nouveau P-DG d'Air Algérie, semble vouloir faire bouger son secteur. Son engagement et sa volonté d'améliorer les conditions de la compagnie arienne nationale en témoignent. Hier, lors de la réunion annuelle des cadres d'Air Algérie au cercle militaire de Béni Messous à Alger, le responsable a levé le voile sur les problèmes de son entreprise, en dressant un constat accablant. «On ne peut pas se mentir, il y a plusieurs dysfonctionnements au sein de l'entreprise», a souligné M. Bouderbala en mettant l'accent sur la nécessité de revoir le mode de gestion de la compagnie pour retrouver la confiance des clients, remédier aux anomalies de gestion et améliorer les prestations de services. «Air Algérie traverse aujourd'hui une période de dysfonctionnement avec son mode actuel de gestion, un modèle traditionnel qui ne répond plus aux besoins de ses clients», a déclaré le responsable de la compagnie. Il a expliqué que l'entreprise doit repenser son modèle d'exploitation et de gestion afin de générer l'excellence opérationnelle pour une prise en charge immédiate des mauvais fonctionnements. Retour vers le client «L'objectif final est de satisfaire et fidéliser les clients et consolider les parts de marchés de la compagnie à court terme», précise-t-il. La situation financière de la compagnie nationale a fleuri, selon son P-DG. Il a affirmé que la compagnie a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 76 milliards de dinars en 2014, en hausse de 10% par rapport à 2013. «Ces bonnes performances opérationnelles n'aident pas Air Algérie à cause des dysfonctionnements qui sont principalement liés au manque de ponctualité et à la dégradation de la qualité du service», regrette le même responsable. Il a expliqué, dans ce sens, que l'année 2014 été marquée par des retards et des réclamations. «En 2014, 41% des vols au départ étaient en retard d'une heure et 30 minutes en moyenne. 68% des réclamations des passagers concernent les vols retardés et 14% concernent les vols annulés», en faisant savoir que «la qualité d'une compagnie aérienne se mesure à sa ponctualité». Il a avancé, dans le même contexte, que ce n'est pas normal qu'il y ait autant de retards. Il a fait savoir, que les moult problèmes qui guettent la compagnie se traduisent par une perte de parts de marché, une détérioration de l'image de marque de la compagnie et une remise en cause de sa fiabilité à cause, notamment de la dégradation de la qualité de ses services et les problèmes de ponctualité des vols. S'agissant des problèmes de ponctualité, il a estimé, qu'ils sont essentiellement liés, à la mauvaise programmation des vols, à la défection de certain personnel commercial navigant, aux pannes récurrentes du système d'enregistrement, du traitement des bagages et des scanners et aux mouvements sociaux. La ponctualité demeure le principal point noir de la compagnie nationale. «558 vols sur plus de 61.000 vols ont été annulés l'année dernière», a-t-il ajouté. Par ailleurs, les défis de la compagnie sont les suivants: le développement du pilotage et la gouvernance, l'amélioration de la performance opérationnelle, la mobilisation de la ressource humaine, le renforcement de la compétence commerciale pour satisfaire la clientèle et faire face à l'intensification de la concurrence à l'international. La compagnie emploie près de 10.000 salariés pour seulement 40 avions. «Il n'y aura plus de recrutements dans certains départements qui sont déjà saturés et les employés qui partent en retraite ne seront pas remplacés», a affirmé M.Bouderbala. En outre, il a fait savoir que Air Algérie va continuer à recruter mais seulement dans les postes techniques (pilotes, personnel navigant commercial, personnel au sol) où il y a un déficit contrairement aux postes administratifs dans lesquels la compagnie est en sureffectif. «Nous allons procéder à un redéploiement du personnel pour réorienter ces postes administratifs vers d'autres postes plus utiles pour la compagnie», a indiqué encore le premier responsable d'Air Algérie. «Sur le plan financier, nous avons des potentialités intéressantes que nous voulons consolider avec une meilleure qualité de service. Si on arrive à gagner cette bataille, Air Algérie pourrait se repositionner sur l'international», a-t-il conclu. 4 avions affrétés pour la saison estivale Afin d'assurer aux voyageurs de la compagnie un été «tranquille» et répondre à leurs besoins, la compagnie a affrété quatre avions. «L'affrètement de quatre avions, deux moyens porteurs et deux gros porteurs, sur la période allant du 22 juin au 20 septembre, qui coïncide avec la saison estivale, le mois de Ramadhan et la saison d'El Hadj», a-t-il dit. Ainsi, pour garantir le succès de la saison estivale, plusieurs préparatifs sont en cours d'achèvement. Interrogé sur la probabilité d'une grève du personnel navigant, ce qui pourrait perturber la saison estivale, il a relevé que «nous avons reçu tous les syndicats. Ils sont ouverts au dialogue et nous aussi. Alors je ne vois pas pourquoi il y aurait un problème». «La compagnie Air Algérie ambitionne d'ouvrir ses centres de maintenance et de réparation aux appareils des compagnies africaines après la création de sa nouvelle filiale de maintenance des aéronefs prévue dans son plan de restructuration», selon son premier responsable. Il a estimé dans ce contexte que la compagnie aérienne nationale a une bonne base de maintenance. «Nous allons ouvrir cette base à la maintenance des appareils étrangers.» «J'ai eu des contacts avec des compagnies aériennes africaines qui veulent faire la maintenance de leurs appareils chez nous.» Pour lui, c'est un créneau qui peut rapporter un chiffre d'affaires important à Air Algérie. Dans le cadre de sa nouvelle restructuration, approuvée par le Conseil des participations de l'Etat (CPE), Air Algérie va se doter de quatre filiales.