«Nous avons travaillé dans l'urgence afin de rattraper le temps perdu». Avant de faire le bond et d'entrer de plain-pied dans la concurrence, Algérie Télécom a connu une période d'hésitation et de perturbation liée aux restructurations de l'entreprise. La transition qui doit normalement passer par un long processus, d'une dizaine d'années au moins, s'est faite pour l'opérateur historique en un temps record de deux ans. Mobilis a pris naissance suite à la restructuration de l'entreprise mère qui est incarnée par les PTT. M.Belhamdi qui est à la tête du nouveau staff managérial depuis juillet dernier, fait remarquer que l'aventure remonte au mois d'août 2000, lorsque la nouvelle loi régissant le secteur des télécommunications et consacrant l'ouverture a été promulguée pour démonopoliser le ministère des P et T qui était, a-t-il dit, «à la fois opérateur et régulateur. Ce dernier fonctionnait avec un budget annexe et survivait grâce à ses propres recettes». L'ouverture a malheureusement traîné en longueur. Outre les atermoiements bureaucratiques qui caractérisent l'administration, il n'y avait pas une vision claire de la stratégie à mener pour aborder la nouvelle donne qui s'inscrit dans un contexte global de libéralisation de la sphère économique. Selon le patron de Mobilis, «c'est à cause de cette double casquette qui le retardait dans ses objectifs, que le ministère ne pouvait dégager des enveloppes financières nécessaires parce que ses ressources étaient limitées et les prix étaient administrés. Cela, en plus, les lenteurs de la gestion et une insuffisance de réactivité.» M.Belhamdi insistera néanmoins sur la nécessité de l'ouverture de ce secteur, en affirmant que «des études ont été élaborées dans ce sens, qui ont toutes conclu à la nécessité d'ouvrir le secteur notamment après l'adoption de la politique sectorielle.» Le résultat de cette démarche a conduit à la délivrance de deux nouvelles licences. Algérie Télécom a été régularisée, quant à elle, en tant qu'opérateur de téléphonie mobile, en même temps que s'organisait le principe de concurrence dans le secteur. Mobilis est donc une toute jeune société dans une branche qui en est encore à ses premiers balbutiements. Un état de fait qui n'inquiète donc pas l'opérateur historique. En effet, le P-DG affiche une grande sérénité. «On n' est pas encore au stade de la concurrence», a-t-il lancé, pour dire que la nouvelle équipe a plus d'un tour dans son sac et qu'elle ne compte pas s'arrêter aux chiffres.