Sous le thème «Jurisconsulte Abd-ar-Rahmane Al Waghlisi», un colloque s'est tenu durant trois jours au TRBéjaïa. Initié par une association portant le nom de ce penseur et sous la coordination de l'association Gehimab de Béjaïa, plusieurs organismes se sont associés pour organiser cet événement culturel qui se veut aussi la célébration du millénaire de la fondation du royaume berbère des Hammadides. L'occasion a permis au nombreux public venu des quatre coins de la wilaya de Béjaïa de découvrir un savant hors normes, en la personne d'Al Waghlissi. Son école, ses oeuvres et son parcours ont été le thème principal sur lequel s'étaient articulées les 15 conférences-débats animés tout au long de ce colloque, premier du genre à Béjaïa. Oublié pendant des siècles, Abd-ar-Rahmane Al Waghlissi, ce jurisconsulte, qui a vécu au XIVe siècle, a été le centre d'intérêt de ce colloque qui fut une réussite sur tous les plans. Dans la première moitié du XIVe siècle, Béjaïa accueillit un juriste de renom, Abderrahmane Al Ouaghlissi. Originaire de Sidi Aïch, tribu des Ath Ouaghliss, ce grand maître a vu le jour au village N'tala Tagouth dans la commune de Tnebdar. C'est d'ailleurs dans ce même village qu'il a été enterré en 1384. Il se distingue par la création d'une école de jurisprudence dont l'influence persistera sur plusieurs siècles. Par ses remarques, ses enseignements, il a formé toute une génération de disciples qui deviendront par la suite des Ulémas célèbres à l'image d'Al Mashdaly, Al Huwwari... A travers Al Waghlissi et ses disciples, on distingue clairement à quel point ont été puissants les rapports qui avaient existé entre, d'une part Béjaïa et sa province et d'autre part entre Béjaïa et les autres cités algériennes de l'époque (Alger, Oran et Tlemcen). Son oeuvre Al Muqadima al faqhiyya plus connue sous le nom d'Al Waghlissia restera pendant des siècles, le livre de base de l'enseignement pour les débutants. Il a été commenté par de nombreux savants célèbres à l'époque avant d'être abrégé par Adr er-Rahmane As Sebagh à la demande du célèbre Yahia Al Aydli, fondateur de l'une des toutes premières zawiyya, institut de Kabylie. Les consultations juridiques de ce maître penseur sont encore présentes de nos jours dans les ouvrages de références à Tlemcen, au Maroc et en Andalousie et permettent également de comprendre la profondeur de son raisonnement et surtout de cerner ce qu'avait été la vie sociale à cette époque. Pas moins de 15 conférences ont été animées par des professeurs et chercheurs autour des thèmes choisis pour identifier et faire connaître l'action et la contribution d'Al Waghlissi à travers sa localisation, le répertoire de ses manuscrits. Parallèlement aux conférences, il y a lieu de noter cette extraordinaire mobilisation faite autour de l'excursion ayant conduit la forte délégation du colloque dans des lieux de croyance en rapport avec le savant Al Waghlissi, son maître Ibn Dris, ses disciples et ses commentateurs. Tala Tagouth, village natal du penseur à Tinebdar où se trouve également son mausolée, Izzerukken à Souk Oufella, Wedris, Illoula et Tamokra sont autant de points visités par cette délégation qui, à chaque fois, se faisait surprendre par l'accueil des populations locales et plus particulièrement par les jeunes qui s'étaient montrés pour le moins fiers d'avoir un des leurs de la grandeur d'Al Waghlissi. Une exposition portant sur le royaume berbère des Hammadides (1004-1152) avec une attention particulière accordée à la spécificité de l'école de jurisprudence Hammadide et son éventuelle influence sur celle d'Al Waghlissi, a orné le hall du TRB durant toute la durée du colloque clôturé jeudi dernier.