Une priorité absolue sera accordée aux travailleurs de la Fonction publique. Même si la politique gouvernementale concernant le secteur économique n'était pas évacuée des discussions entre le gouvernement et son partenaire social, le secrétaire général de l'Ugta n'en soutient pas moins que le point nodal de la bipartite, attendue ce jeudi, achoppera quasi exclusivement sur le nouveau statut de la Fonction publique. Dans un entretien qu'il nous a accordé quelques heures avant son ultime rencontre avec Ouyahia, à paraître demain, il explique d'abord que le fameux article 23 qui pose autant problème ne suppose nullement que des centaines de milliers de travailleurs sont menacés de licenciement massif. En revanche, c'est la suite des évènements, liée à l'application de cet article, qui risque de poser véritablement problème attendu qu'il risque d'y avoir sous-traitance mais aussi prolifération de fonctionnaires non permanisés conformément aux souhaits de Missoum Sbih. Globalement parlant, il semble nécessaire que les deux partenaires trouvent un consensus concernant cet article dans le but d'éviter que cette bipartite ne soit un échec, d'autant qu'elle intervient au moment où la rentrée sociale s'annonce relativement mouvementée. Le projet de statut de la Fonction publique, autour duquel le débat est ouvert depuis plus de dix années, devra ainsi arriver au Parlement d'ici au printemps prochain. Il sera question, en perspective, d'arriver à mettre en place un code du travail qui harmonise entre eux l'ensemble des textes, pondus depuis 1966 et dont la plupart sont contradictoires. Sidi Saïd inscrit cette option dans le cadre de l'harmonisation des textes, notamment avec l'arrivée future de nombreuses entreprises étrangères dans le pays, mais aussi du fameux pacte social et économique, lequel poursuit toujours son petit bonhomme de chemin. Les sempiternelles questions des salaires impayés et décisions de réintégration des travailleurs licenciés seront-elles aussi inscrites à l'ordre du jour? Ici, il convient de souligner le très important vide juridique qui fait qu'aucune force n'oblige un employeur à réintégrer une personne licenciée même si elle détient une décision de justice rendue en sa faveur au nom du peuple algérien. Sidi Saïd souhaite carrément que les pouvoirs publics aillent vers des mesures coercitives dans le but d'amener les entreprises, tant publiques que privées, à appliquer ce genre de décisions. Pour ce qui est des salaires impayés, en revanche, il convient de rappeler que si l'Ugta a accepté de revoir à la baisse ses ambitions salariales lors de la dernière tripartite, c'est bien évidemment dans le but de permettre aux pouvoirs publics de dégager assez d'argent et de s'acquitter de ses «dettes». Or, force est de conclure que très peu de choses ont été faites en ce sens alors qu'une fois de plus nous nous trouvons aux portes du Ramadan. Inutile de dire, ici, que la Centrale espère vivement que, cette fois-ci, les choses ne s'arrêteront pas au simple stade des déclarations d'intention comme c'est régulièrement le cas depuis bientôt une dizaine d'années pour certaines entreprises. Ainsi, si rien d'extraordinaire n'est attendu de cette bipartite, cela n'empêche que ce sont bien souvent les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ainsi, percevant une volonté réelle de la part du président d'aller de l'avant, l'Ugta estime que seuls la sérénité et le dialogue constructif peuvent faire évoluer positivement les choses, comme cela est longuement expliqué dans l'entretien en question. Pour revenir au Snmg, il semble que celui-ci n'arrivera jamais aux 15.000 dinars que le dixième congrès de l'Ugta s'était fixés avant la fin de l'actuel mandat, prévu l'année prochaine. La priorité pour le moment, plus précisément à l'occasion de la tripartite vraisemblablement attendue avant la fin de cette année, sera d'abroger le fameux article 87 bis de la loi 90-11 pour faire en sorte, au moins, que les hausses précédentes se concrétisent enfin.