4000 places pédagogiques nécessitent un investissement de plus de 200 milliards de centimes. Après la réforme de l'école c'est au tour de l'enseignement supérieur de soulever les polémiques. Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) s'est exprimé, hier, sur les réformes engagées dans ce secteur. Le ton est pratiquement le même et les critiques aussi. Le syndicat stigmatise la démarche «unilatérale» du gouvernement: «Nous n'avons été ni sollicités ni associés à ce processus de réformes», précise le coordinateur national du Cnes, Ali Boukaroura, en marge de la journée d'étude sur la réforme et la démocratisation de l'université organisée à la faculté de Bouzaréah. Un manque de clairvoyance a accompagné, selon l'orateur, la mise en oeuvre de cette réforme. «Au Cnes on estime que les réformes doivent être basées sur des objectifs clairs.» Et à notre interlocuteur de s'interroger: «la problématique tourne autour de quel type d'université nous voudrions avoir et par quel moyen?». Le projet de réforme, rappelons-le, a fait l'objet, tout au long de l'année écoulée, d'une réflexion à laquelle ont pris part de nombreux groupes de travail composés d'experts. Cette réflexion a débouché sur la proposition d'un schéma de formation articulé autour de trois paliers: Bac +3 ( licence) Bac+5 (master) et Bac+8 (doctorat) (LMD). Le constat dressé par le représentant du Cnes, relève que sur les 56 universités que compte le pays, 9 établissements ont appliqué le LMD. Ce qui peut être qualifié de «début d'échec». «La tutelle a très mal diffusé ces réformes qui demeurent ignorées par la majorité des universitaires», selon notre interlocuteur. L'échec est expliqué aussi par le manque de moyens et «la mise à l'écart des enseignants qui constituent le point nodal de la réforme». Evoquant les déclarations du président Bouteflika, relatives à l'ouverture de l'université au privé, le Cnes prévoit «l'échec» de la démarche. «C'est un investissement colossal, rentable, mais à long terme. Je doute qu'il y ait un engouement du secteur privé en Algérie». A titre illustratif, M.Boukaroura, précise que pour réaliser 4000 places pédagogiques, il faut au minimum un investissement de plus de 200 milliards de centimes. Par ailleurs, notre interlocuteur estime néanmoins que «l'idée peut être discutée». Sur un autre chapitre, le Cnes a rebondi, hier, sur «sa plate-forme de revendications traditionnelles», portant sur le statut particulier, le logement, la gestion démocratique des universités et enfin un plan national pour la réalisation de nouvelles places pédagogiques. Concernant le mot d'ordre de grève évoqué par certains syndicalistes, M.Boukaroura rassure que «la nouvelle direction ne privilégie pas la confrontation». «Nous travaillons dans l'intérêt du secteur». A ce sujet, nous apprenons qu'une rencontre est prévue entre la tutelle et le syndicat après le mois de Ramadan. La position finale du Cnes sera tranchée à l'occasion de la tenue de son Conseil national, prévue vers la fin novembre. Il est également précisé que la tutelle s'attellera «à élargir la concertation sur lesdits dossiers à tous les acteurs concernés». Le gouvernement, soutient-on, plaide pour «une réforme qui se veut globale dans sa conception, participative dans sa démarche, progressive et intégrative dans sa mise en application.» Cela, tout en rassurant sur la préservation du caractère démocratique de l'enseignement supérieur et la consolidation du caractère de service public de l'institution universitaire.