Les membres du CNES, réunis pour deux journée d'études à la faculté de Bouzaréah, devraient débattre du nouveau système LMD mis en place cette année. Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) s'intéresse de très près à la réforme de l'Université algérienne. Pendant deux jours, hier et aujourd'hui, les membres du Cnes, les représentants du ministère de l'Enseignement supérieur et des syndicats de l'éducation, ainsi que des enseignants et des étudiants, débattront de la réforme et de la démocratisation de l'université, au campus de Bouzaréah. “Ces deux journées d'études nationales permettront des échanges entre les experts, les universitaires et les étudiants sur la réforme LMD proposée par la tutelle. L'information sur cette réforme est très mal diffusée, aussi cette rencontre constituera un espace scientifique et de discussions sur le sujet”, a déclaré une des responsables du Cnes. De son côté, le coordinateur national de ce syndicat a affirmé que le ministère de la tutelle “n'a ni consulté, ni associé” son organisation à l'opération de réforme. “On n'a pas été associé aux questions sur la restructuration pédagogique (graduation) ni sur le système LMD qui concerne la licence, le master et le doctorat”, a confié Ali Boukaroura à la presse, en ajoutant très vite : “Nous voulons êtres positifs. Au lieu d'avoir des réactions négatives, on a préféré réagir par ces journées d'étude, pour entendre les experts et les enseignants. Même les experts du ministère de l'Enseignement supérieur ont été invités, pour nous donner leur vision et les objectifs réels qui ont été fixés à ces réformes”. Le leader du Cnes a néanmoins précisé que cette rencontre représentera “une position préliminaire” de l'organisation. “La position finale du Cnes, concernant les réformes LMD, sera connue en novembre, après la réunion du Conseil national”, a indiqué M. Boukaroura. Pourtant, ce dernier a soutenu plus loin qu'a priori, le Cnes note que les réformes, telles que suggérées par la tutelle, ne définissent pas “clairement le rôle de l'université attendu par la société”, ni celui de l'enseignement “comme acteur central de l'activité pédagogique et de la recherche scientifique”. “La réussite de ces réformes exige un bilan sur l'université depuis l'indépendance, l'élaboration du statut particulier de l'enseignant et une gestion transparente de l'Université algérienne, ainsi que la participation effective des acteurs de cette université”, a-t-il dit. Interrogé sur le discours du président de la République relatif à la participation du privé dans l'enseignement supérieur, le numéro un du Cnes a laissé entendre que “c'est une idée qui peut être discutée”, en promettant qu'elle sera débattue par les syndicalistes au moment opportun. Mais, en sa qualité de docteur en mathématiques, M. Boukaroura a répondu sceptique : “Je ne pense pas qu'on ait un secteur privé qui pourrait investir dans l'enseignement supérieur”. Un des intervenants aux journées d'étude, en l'occurrence M. Benachour, chargé d'études et de synthèse auprès du ministère de l'Enseignement supérieur, n'a pas semblé partager certains avis du Cnes. “On n'a jamais exclu quiconque du débat sur les réformes. Il existe des documents, qui attestent que le ministère a sollicité à maintes reprises le Cnes. Un premier document sur les réformes leur a été remis le 14 décembre 2002 et le document finalisé le 7 janvier 2004”, a déclaré M. Benachour. Ce dernier s'est également opposé à l'idée développée par le Cnes, selon laquelle la réforme LMD vise à réduire le coût de la formation. “Il n'y a pas de désengagement de l'Etat, l'université reste une des priorités de l'Etat. D'ailleurs, 120 milliards de dinars sont consacrés à l'université pour améliorer la qualité de l'enseignement”, a-t-il affirmé. Puis de conclure : “Il ne s'agit pas de réformer uniquement les aspects pédagogiques, mais de revoir aussi les conditions sociales et de vie des enseignants et des étudiants”. Appel de l'association estudiantine Nedjma : Rassemblement aujourd'hui à Bouzaréah L'Association estudiantine Nedjma de la faculté des sciences sociales de Bouzaréah (Université d'Alger) appelle à un rassemblement, aujourd'hui, à 11h. Dans une déclaration rendue publique hier, elle dénonce “le désengagement financier” de l'Etat vis-à-vis de l'Université algérienne, ainsi que “les politiques de fuite en avant” et “toutes les politiques de répression”. Nedjma tire la sonnette d'alarme sur “la crise” que connaît l'université. Elle relève des “déficits” sur les plans social et pédagogique, l'entassement de milliers d'étudiants dans les cités universitaires, “dans des chambres exiguës”. Selon l'association, les nouveaux bacheliers “se trouvent (...) sans chambre, après avoir été victimes d'une orientation ou réorientation forcée”. H. A.