Les pièces de théâtre présentées pendant trois mois dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», ont convoqué l'histoire, célébré le talent des romanciers algériens et mis sur les planches une génération prometteuse de jeunes artistes. Entre mythe et réalité, l'histoire de Salah Bey, le personnage qui fascine encore les Constantinois, a été revisitée à deux reprises. Le metteur en scène Mohamed-Tayeb Dehimi est revenu, dans une production du Théâtre régional de Constantine (TRC) écrite par Saïd Boulmerka, la vie du bey depuis son débarquement à Alger en provenance d'Izmir (Turquie) jusqu'à son exécution. La pièce s'est attardée sur les qualités militaires de Salah bey, son accession au beylik de Constantine et l'admiration que lui vouaient ses sujets, reconnaissants, pour ses actions et ses réalisations envers la population. L'association Al Chihab de Annaba a mis une deuxième fois sous les feux de la rampe celui qu'on surnomme le bey des beys. Le metteur en scène Sami Ghrissi, se basant sur le texte de l'écrivain et historien algérien Hassan Derdour, centre son oeuvre sur les complots et les conspirations qui ont visé Salah Bey et précipité sa chute après 20 ans de règne. Toujours au chapitre de l'histoire, le Théâtre régional de Saïda (TRS) a remonté le temps jusqu'à la deuxième moitié du XVIe siècle, à l'époque de l'occupation d'Oran par les Espagnols pour présenter, sur un texte de Labed Boukhobza mis en scène par Djamel Guermi, Soukot Hisn Wahran (La chute du bastion d'Oran). La pièce qui a offert un enchaînement passionnant des évènements, a mis au goût du jour les prouesses de M'hamed Benaouda, fils du cheikh El Bahloul qui, en conduisant une armée formée de tribus arabes de la région, a réussi à prendre le bastion d'Oran et à infliger une cuisante défaite aux Espagnols lors d'une célèbre bataille livrée le 14 avril 1599. L'histoire de l'Algérie a de nouveau été convoquée par la coopérative culturelle et artistique Asdika El Fen de Chlef dont la pièce Lalla Aziza, mise en scène par Missoum Laroussi d'après une histoire sur Aziza Bent Merouane El Bahri, protecteur de la ville de Ténès, relate la bravoure et le courage de la jeune princesse et son acharnement à défendre sa ville et son père, la veille d'une guerre qui s'annonçait décisive. Nostalgique, La symphonie de Constantine de l'association El Belliri a offert un voyage fascinant à travers l'histoire et les traditions de l'antique Cirta. Tirée d'un texte de Chafika Loucif, et mise en scène par Wahid Achour, la pièce a perpétué les légendes de Constantine, le savoir-faire et le savoir-vivre de ses habitants au cours d'histoires mettant en vedette la vieille ville, ses rues et ses venelles étroites. «L'événement 'Constantine, capitale de la culture arabe'' a donné lieu à un focus sur notre histoire, et les pièces théâtrales présentées ont permis de valoriser des pans de cette histoire et de déterrer des personnages dont les actions et les contributions à l'histoire de notre pays étaient jusque-là peu connues, a estimé Noureddine Bechekri, homme de théâtre et membre du département Théâtre de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe». Le Théâtre régional de Mascara (TRM) a agréablement surpris avec sa pièce Harmonica en adaptant trois oeuvres du grand romancier Malek Haddad, journaliste et poète natif de Constantine: Le quai aux fleurs ne répond plus, Je t'offrirai une gazelle et L'élève et la leçon. Mise en scène par Khaled Belhadj sur un texte du dramaturge Fethi Kafi, la pièce a su capter l'attention du public, dés la première scène où, à travers Khaled Ben Tobal, le personnage-clé de la pièce, le spectateur voit Malek Haddad, saisit ses mots et ses verbes et salue son engagement. Toute la puissance des textes de Malek Haddad, ses thèmes de prédilection comme l'injustice et la liberté ont été superbement traduits sur scène souligne M. Bechekri. De même que le génie d'Apulée de Madaure, auteur du premier roman de L'histoire de l'humanité a été salué par le théâtre régional de Guelma (TRG) à travers la pièce El Hob oua Errouh (l'amour et l'âme). Les sept pièces de théâtre présentées sur les planches du TRC ont également mis en vedette de talentueux jeunes acteurs, véritables espoirs pour le 4ème art et qui, pour la plupart, montent pour la première fois sur les planches. Aïssa Segueni dans le rôle de Salah Bey dans la production du TRC, Latifa Kaben dans celui de Lalla Aziza et Ahmed Merzouki qui a campé Cupidon dans El Hob oua Errouh ont très nettement tiré leur épingle du jeu. L'association culturelle des arts dramatiques Sarkhat Al Rokh de Tamanrasset a confié la distribution de la pièce Ya Oualfi Meriem à de jeunes talents et Asdika El Fen a distribué des acteurs provenant des ateliers d'apprentissage du jeu théâtral. «Nous assistons à l'émergence d'une génération de jeunes artistes qui ont apporté un nouveau souffle au théâtre algérien tant sur le plan conceptuel, scénographique que celui du jeu d'acteur», a estimé M.Bechekri, soulignant qu'à travers les pièces présentées, des techniques nouvelles relatives à la scénographie, fondées sur des effets sonores et visuels, sont de plus en plus présentes.