La nécessité d'une conférence nationale qui regrouperait toutes les formations politiques, les associations, les syndicats, la société civile... pour préparer l'opinion à se serrer la ceinture n'est pas une simple vue de l'esprit. L'Algérie doit faire son deuil d'un baril à 100 dollars. Un niveau pourtant nécessaire pour équilibrer son budget et assurer la paix sociale. Les cours de l'or noir se maintiennent sous la barre des 50 dollars. Ils s'y sont vraisemblablement installés pour un moment. La crise annoncée frappe à nos portes. Les mesures prises par le gouvernement pour contrer l'effondrement des cours de l'or noir ont affiché leur fragilité. Cela n'a pas empêché les réserves de changes de fondre comme neige au soleil. La crise longtemps sous-estimée s'avère plus féroce que prévue et ce ne sont certainement pas les discussions informelles au sein de l'Opep annoncées dimanche par le nouveau ministre de l'Energie Salah Khebri qui seront d'un quelconque effet pour les améliorer. Interrogé sur l'éventualité d'une réunion extraordinaire de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) afin de tenter de redresser la chute des cours du brut, le successeur de Youcef Yousfi a confié à la presse que «les consultations sont en cours pour prendre une décision». Une déclaration étonnante, lorsque l'on connaît la position de l'Arabie saoudite qui s'est imposée comme le chef de file du cartel. Les Saoudiens avaient d'abord pensé à leurs intérêts en s'opposant à toute réduction de la production de l'organisation, lors des deux dernières réunions qui se sont tenues en novembre 2014 et en juin 2015, afin de stopper la chute des prix de l'or noir. Ils ont même manifesté leur satisfaction dans le cas où le baril venait à s'afficher autour des 20 dollars. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le 22 décembre 2014 le ministre saoudien du Pétrole. Ce qui rend caduque la sortie médiatique de Salah Khebri. La situation est loin d'être maîtrisée et à force de botter en touche, le pays pourrait en faire les frais. Au mois de septembre de la même année, le chef du gouvernement avait estimé qu'un baril à 70 dollars représentait un scénario pessimiste pour l'Algérie. «Nous avons fait nos calculs, étudié les scénarios les plus pessimistes et toutes les hypothèses, y compris si le pétrole descend à 70 dollars», avait déclaré Abdelmalek Sellal lors du discours d'ouverture qu'il avait prononcé le 18 septembre à l'occasion de la tenue de la 17e tripartite. «L'Algérie pourra compter sur ses recettes pétrolières pour amorcer son décollage économique, aidée par une production d'hydrocarbures, en hausse à partir de 2015, avec la mise en exploitation de plusieurs nouveaux gisements», avait ajouté le patron de l'Exécutif. Un calcul faussé par un baril en chute libre, alors que le gouvernement maintient le cap et ne veut en aucun cas parler d'austérité. La conjoncture actuelle peut le contraindre à enfin accepter la réalité aussi dure soit-elle. Le sursaut doit être national. Tous les Algériens sont concernés! La nécessité d'une conférence nationale qui regrouperait toutes les formations politiques, les associations, les syndicats pour préparer l'opinion à se serrer la ceinture n'est pas une simple vue de l'esprit.