Alors que les fidèles étaient prosternés sur le tapis de la salle de prière, à l'arrière-salle...brrr! Contrairement à ce que peuvent croire beaucoup de nos lecteurs, le trafic de drogue, l'émission de chèques en bois, les coups et blessures volontaires, le port d'arme prohibé et autres détournements de fonds ne constituent pas les fléaux de la société agacée par ces délits. Il y en a d'autres et plus graves: l'abus de confiance, l'escroquerie, le recel, le vol, l'attentat aux moeurs avec notamment l'odieux acte d'homosexualité fait prévu et puni par l'article 338 qui prévoit pour l'auteur, outre une amende de 500 à 2000 DA, un emprisonnement ferme de deux mois à deux ans. Dans le cas qui va suivre, le passif (20 ans) et l'actif (50 ans) sont loin du statut de mineur. Vingt et cinquante ans sont des piges d'adultes. Mais le véritable «crime» moral, c'est le lieu et le moment de l'acte: la mosquée! Le délit était en train de se commettre à l'arrière de la grande salle de prière au moment où les fidèles étaient en plein recueillement devant Allah. Comme cette audience avait bien eu lieu à huis clos, nous avions attendu la lecture en audience publique des attendus qui ont mené au verdict de la cour, car au tribunal, les deux «amants» avaient écopé de deux ans d'emprisonnement ferme. Les deux frais condamnés avaient interjeté appel contre la sentence. C'est la loi qui le permet surtout que l'acte avait soulevé l'indignation des fidèles dont certains avaient interrompu la prière pour aller vers les cris étouffés du «violé» qui avait affirmé au trio de juges qu'il avait été menacé par une lame brandie par son bourreau. Il prendra même la liberté d'ouvrir sa chemise pour montrer la cicatrice faite par le coup de couteau. Cependant, la chambre correctionnelle a estimé que l'acte commis l'a été entre adultes avec ceci de particulier que le «plaignant violé» était un pédéraste connu des services de police. C'est dire si le 338 rejoint le 333 assimilé à un outrage public à la pudeur qui dispose et prévoit les mêmes peines que le 338. D'ailleurs, le juge du jour a eu l'occasion de faire dans la «morale» de la «religion» tout en n'oubliant pas l'épée de la loi. Au moment de la lecture du verdict, en audience publique, faut-il le rappeler, contrairement aux débats qui se sont déroulés à huis clos, le président a donné libre cours à son instinct de magistrat aguerri avec ses 30 ans d'ancienneté et surtout de père de famille averti sur les déviations de la société ou du moins d'un pan de la société. Le magistrat a même réussi à faire de l'humour lorsque «le passif» avait souri en entendant les 18 mois fermes assénés à l'actif lequel a grimacé en apprenant depuis la barre que son adversaire plaignement victime avait été condamné à seulement six mois assortis du sursis, la composition correctionnelle ayant estimé qu'entre adultes, ils n'auront qu'à se débrouiller le jour du jugement dernier pour avoir blasphémé en pleine mosquée au moment de la prière. Et le passif de lancer: «Merci, monsieur le juge, qu'Allah vous accueille prochainement à La Mecque pour une Omra!» Le président fait plus d'humour: «Vous me le souhaitez seul?» - Non! à vous tous ici présents dans la salle, répond le frais condamné. - Même votre bourreau?! reprend le magistrat qui éclate de rire tout comme l'assistance, car le prévenu cracha: - Non, non, non, surtout pas lui. Il ne mérite pas de mettre les pieds aux Lieux Saints!» Pour mettre un terme à ce brouhaha, le juge lève l'audience et le calme revint sauf que les présents commentaient le verdict en maudissant Satan de s'être introduit dans l'arrière-salle, perturber l'adoration d'Allah et seulement son adoration.