img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P150820-17.jpg" alt=""Un retour au FMI n'est pas à exclure"" / Chute continue des prix du pétrole, dévaluation du dinar, baisse du pouvoir d'achat, l'Algérie est dans la gueule du loup. La rentrée sociale peut véritablement être explosive et un retour au FMI n'est pas à exclure, si la situation perdurait, prévient Samir Bellal, économiste. L'Expression: Les prix du pétrole sont en chute libre. Certains experts prévoit un baril à moins de 30 dollars d'ici 2017. Cet état de fait à déjà poussé le gouvernement à mettre en place des mesures d'austérité et à bloquer nombre de projets. Quel effet cela va-t-il avoir à court et à moyen terme sur l'Algérie? Samir Bellal: L'effet immédiat est le durcissement de la contrainte budgétaire. L'Etat sera amené à faire des arbitrages difficiles. Et si cette situation perdure, ce que semblent indiquer les prévisions, des ajustements douloureux seront opérés, ce qui, à n'en pas douter, risque de créer une situation sociale difficile, pour ne pas dire explosive. Un retour au FMI est-il prévisible selon vous? Si la situation de baisse des prix perdure et si rien n'est sérieusement entrepris pour opérer les changements requis, un retour au FMI n'est pas à exclure. Quoi qu'il en soit, la situation actuelle exige des ajustements structurels car, après 15 ans d'expansion (certains diront de laxisme) budgétaire ininterrompue, d'ouverture à outrance de nos frontières, de laxisme dans la gestion de pans entiers de notre économie (surévaluation de la monnaie, augmentation des salaires, distribution gratuite de logements, de crédits,...), d'une désindustrialisation que rien ne semble pouvoir arrêter, etc. Il fallait qu'à un moment ou à un autre, la dérive prenne fin. Si on ne le fait pas, d'autres le feront à notre place. La situation actuelle de notre économie indique manifestement la fin d'un cycle. Le régime rentier est à bout de souffle et le moment viendra où il faudra, nécessairement, songer à changer de modèle de croissance. La loi de finances est élaborée sur la base d'un baril à 39 dollars et, pour l'heure, le pétrole tourne autour de 50 dollars. Comment se fait-il que l'on est en crise et que l'on parle d'austérité? Il faut savoir que réellement le budget de l'Etat est construit sur un niveau des prix nettement plus élevé. Les rapports publiés par certaines institutions internationales évoquent un prix largement supérieur à 100 dollars le baril. Ce que vous soulevez dans votre question se rapporte en fait à un simple jeu d'écriture comptable, la réalité des faits est que sur la plan budgétaire, notre situation actuelle est tout simplement intenable. Le gouvernement trompe l'opinion publique à travers une politique suicidaire qui consiste à nier la crise structurelle qui frappe notre économie. Avec une dévaluation du dinar et une chute du pouvoir d'achat, déjà perceptible, quel chemin emprunter pour empêcher ce que vous appelez «une explosion sociale»? Une chose est certaine: l'ajustement, quel qu'en soit l'auteur ou le concepteur, sera douloureux et impopulaire. La question qu'il convient de poser est de savoir si le pouvoir qui est présentement aux commandes du pays a la légitimité politique qui lui permet de demander, sans crainte d'être violemment contesté, à la société de consentir les sacrifices que la situation exige. Il me semble que la politique de la fuite en avant, qui caractérise jusque-là la réaction de nos décideurs face à la crise qui s'annonce, constitue un élément de réponse à la question.