Ce dernier appelle Mohammed VI à respecter le plan Baker. Si le 29e anniversaire de la Marche verte fut pompeusement célébré par le royaume chérifien, la démarche de ce pays vis-à-vis de la question du Sahara occidental va, en revanche, de mal en pis. Et tout porte à croire que les mauvais draps dans lesquels le roi Mohammed VI s'est obstinément «embourbé», ne sont pas si prompts à se déballer. Boudé par la communauté internationale, acculé, tout récemment- le 28 octobre- par la résolution 1570 du Conseil de sécurité de l'ONU le sommant, encore une fois, à s'astreindre à la légalité internationale mentionnée dans les résolutions du plan Baker, le Maroc qui, semble, en effet, avoir opté pour une situation de statu quo, fait face, actuellement, à une fronde dont l'ancien ministre de l'Intérieur Driss El Basri, en est, à la fois, l'émanation et le chef d'orchestre. Dans une sortie médiatique pour le moins surprenante pour ne pas dire fracassante dans les colonnes du quotidien espagnol La Razon, l'ancien homme lige du défunt roi Hassan II, remet en cause, de fond en comble, la politique de la troisième voie pour le règlement de la crise, initiée, jusqu'ici, par l'actuel roi, en laquelle il y voit, justement, une «déviation dangereuse et malsaine» car «celle-ci nous éloigne du plan de paix initié par Javier Perez (ex- SG de) l'ONU corrigé et complété par James Baker en 1997» a-t-il mis en garde. Réputé pour avoir été dans le passé l'artisan et la clé de voûte de la politique sahraouie, le Makhzen, en fin calculateur et sentant, assurément, les pressions, de plus en plus, lourdes sur Mohammed VI, use de la sienne pour pousser ce dernier dans l'alcôve politique dans laquelle il s'est fourvoyé. Une voie qu'il n'hésitera pas, au demeurant, à qualifier d'«égoïste» et «mercantile» qui ne mènera à aucune solution. La solution du conflit, l'ancien ministre marocain de l'Intérieur la situe dans le cadre onusien, précisément, en la tenue du référendum d'autodétermination qui offre à la population du Sahara-occidental - et «à elle seule», la possibilité de se prononcer pour l'intégration au Maroc ou l'indépendance. Il explique, à cet effet que le recours au dialogue a été la principale devise du roi disparu dont, il fût «personnellement», chargé d'exécuter. Il apprend que de nombreuses rencontres tant en Europe - Portugal, Suisse, Rome et Paris- qu'au Maroc, l'ont réuni à des dirigeants du Polisario dont certaines entrevues étaient, selon lui programmées, avec Hassan II. «Une rencontre a eu lieu grâce à mes efforts personnels. Ils (les représentants de la Rasd) au Maroc pour rencontrer le roi en août 1998, mais il était en convalescence et ce fût le prince héritier (Mohamed VI) qui les avaient reçus en ma présence» a-t-il dit. Commentant la persistance du Makhzen à vouloir trouver une issue outre celle élaborée par les Nations Unies, de même que les tentatives, vaines qu'elles soient, à impliquer l'Algérie en la considérant comme étant partie prenante dans la crise, M.El Basri qualifie cette politique de «gesticulation et comportement sans avenir. Le plan de paix identifie clairement les parties en conflit, le Maroc et le Front du Polisario» a-t-il tenu à rappeler. «Nous sommes en train de nous éloigner énormément de la solution» a regretté l'intéressé. Si tels sont donc, le constat et l'approche prônés, à tue-tête, par cet ancien conseiller de Hassan II, en parfaite connaissance du dossier sahraoui, le moins que l'on puisse dire est que le Maroc se trouve, présentement, dans une impasse politique et donne l'impression, à vouloir se démarquer de la légalité internationale, de ne plus suivre la direction du vent. Même le soutien franco-espagnol dont se targue la monarchie allaouite, n'est pas, tout à fait, en mesure de sortir cette dernière, de ce «bourbier» politique. De son côté, le gouvernement de la Rasd, par la voix de son ministère de l'Information, dénonce, dans un communiqué parvenu, dimanche 7 novembre, à notre rédaction, la politique de l'escalade et de la mobilisation menée par le gouvernement marocain qui constitue un comportement dangereux et irresponsable qui s'inscrit en porte-à-faux de la légalité internationale. Les responsables de la Rasd, dans la missive, réaffirment leur détermination à défendre les droits légaux du peuple sahraoui pour le mener droit vers l'indépendance et la liberté.