La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme considère que l'immigration clandestine par la Méditerranée ne cesse de faire des victimes et qu'elles sont des centaines à mourir noyées. Le secrétaire national chargé des dossiers spécialisés, Houari Kaddour, souligne que les candidats à l'immigration clandestine par le biais de la «harga» ne reculeront devant rien. Pas même devant la mort, car selon l'organisation internationale des migrations, plus de 430 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis le mois de janvier 2015. Plus de 2850 sont morts ou ont été portés disparus, au total, jusqu'au 7 septembre 2015. En outre, Houari Kaddour de la Laddh estime que le nombre de migrants clandestins algériens vers l'Europe depuis janvier 2009 jusqu'à 21 juin 2015 peut atteindre plus de 13.272 migrants qui ont traversé la Méditerranée dont 620 disparus. «C'est avec la plus grande inquiétude que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) constate la façon inhumaine dont les réfugiés et les migrants en quête de sécurité sont traités en Europe», est-il indiqué. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme appelle les institutions de l'Union européenne à mettre en place une politique de migration fondée sur la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il est considéré que l'Union européenne se trompe de cible car la quasi-totalité de l'argent a été dépensé pour renforcer la sécurité et non pour la prise en charge des migrants. «On signale que le trafic d'êtres humains rapporte chaque année 5 milliards d'euros aux mafias selon Interpol, soit leur troisième revenu après ceux liés à la drogue et aux armes. Ces nouveaux négriers sans foi ni loi ne reculent devant rien pour s'enrichir sur le sang des plus pauvres», est-il indiqué. La Ligue algérienne ajoute qu'elle est préoccupée du fait que dans certains pays européens, notamment en Belgique, en Slovaquie et en France, on veut seulement accueillir des réfugiés chrétiens de Syrie. Par contre, les réfugiés musulmans ne sont pas souhaités sur le territoire européen. Dans ce contexte, la Laddh pense que nul ne peut être insensible à ces images de détresse absolue et de désespoir total qui bouleversent à juste titre les consciences de la société civile mondiale. Des hommes, des femmes et des enfants désespérés ont été livrés à eux-mêmes en pleine mer des jours durant tandis que les Etats discutaient du lieu où il fallait les conduire. Parfois, des personnes sont mortes sur ces embarcations, tandis que leurs appels de détresse demeuraient sans réponse. Mais l'immigration à tout prix est-elle la seule solution au drame de la rive sud de la Méditerranée? La Ligue indique que l'image du corps sans vie de l'enfant de trois ans, tête dans le sable sur une plage ne représente pourtant qu'une partie du drame de l'immigration clandestine. L'Union européenne, pour sauver des vies, doit faire preuve de sa bonne volonté et «pour l'instant ce n'est pas vraiment le cas» est-il regretté. Parmi ceux qui parviennent à atteindre l'Europe, beaucoup se retrouvent en détention pendant des périodes prolongées et le secrétaire national chargé des dossiers spécialisés de la Laddh demande à l'Union européenne de réagir de manière humaine à ce qu'on peut dorénavant décrire comme une crise européenne de migration. «Les valeurs fondamentales de l'Union européenne sont remises en question aujourd'hui et l'Union doit construire une politique migratoire fondée sur les droits garantis par la Convention européenne des droits de l'homme», est-il indiqué. «On constate actuellement une approche improvisée de la question. Les Etats membres sont aux prises avec les réfugiés et les migrants en quête de sûreté et de sécurité en Europe à travers notamment la construction de clôtures, en utilisant la violence, les gaz lacrymogènes, la détention, en refusant l'accès à un logement, à la nourriture, à l'eau ou encore en encourageant les attitudes négatives vis-à-vis des réfugiés», est-il ajouté. Cela ne reflète en aucun cas une Union européenne fondée sur les valeurs des droits de l'homme et de la dignité, conclut le secrétaire national, Houari Kaddour.