L'Algérie dispose de quatre années pour redresser et diversifier l'économie nationale. Par rapport à la complexité de la situation financière du pays, les annonces et les déclarations ne tarissent pas ces derniers jours autour d'un éventuel recours à l'endettement extérieur. En effet, le Premier ministre Abdelmalek Sellal n'écarte pas cette possibilité et l'a dit clairement lors de sa rencontre avec les walis. En même temps, le Premier ministre annonce en guise de médication à la situation actuelle, une série d'objectifs à atteindre en 2016, en l'occurrence, une baisse de 9% en matière de dépenses publiques et un taux de croissance de 4,6%. Ce qui reste aux yeux de certains experts assez réalisable, même si cela est interprété comme un appauvrissement de la population par certains voix de l'opposition, il n'en demeure pas moins que les mesures contenues dans la loi de finances 2016 constituent une réponse à la hauteur de la crise qui frappe l'économie nationale. D'autre part, ils pensent que le vrai problème demeure le déficit budgétaire, continuellement affaibli par la chute des prix du baril. Et pour lequel une dévaluation de la monnaie s'avère inévitable, mais peut engendrer une inflation dangereuse pour les entreprises et les ménages. C'est précisément en prévision d'un tel cas de figure, que le recours à l'endettement extérieur est évoqué. Parallèlement et malgré un constat alarmant annoncé par le gouverneur de la Banque d'Algerie, Mohamed Laksaci, faisant état d'une contraction autant importante en matière de réserves de changes, qu'en termes de balance de paiements et des prévisions peu optimistes du chef de la délégation du Fonds monétaire international (FMI). Jean-François Dauphin qui déclare que la chute des prix du pétrole allait vraisemblablement se maintenir, la sphère politique et financière s'est exprimée et considère que le recours à l'endettement extérieur n'est pas nécessaire. Le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, et le ministre de l'Industrie et des Mines M. Abdessalem Bouchouareb s'inscrivent complètement dans cette option, et maintiennent que l'Algérie dispose de quatre années pour redresser et diversifier l'économie nationale. Ils s'appuient sur l'impact des projets structurants lancés et des réformes menées par le gouvernement, qui pourraient constituer une réponse au choc externe. Pour sa part, le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique, M.Ouyahia a déclaré ce samedi que le chef de l'Etat interdit le retour à l'endettement extérieur, et que le peuple peut être «rassuré pour les trois ou quatre ans à venir dans la mesure où le pays dispose de près de 160 milliards de dollars de réserves de changes». D'un autre côté, M.Ouyahia indique que la diversification de l'économie nationale est déjà lancée, dans le sens où il est enregistré un taux de diversification de l'ordre de 30% pour les hydrocarbures, 10% pour l'agriculture, 5% pour l'investissement et 30% pour les services. Par ailleurs, interrogé sur la situation financière du pays et d'un éventuel recours à l'endettement extérieur, M'hamed Hamidouche, économiste nous confie: «On ne peut pas dire que le pays est en crise, pour préconiser cette option. Une situation de crise, c'est quand on constate une faillite des institutions de l'Etat, un taux de chômage très relevé et un recul important dans les modalités de paiement, or en Algérie ce n'est pas le cas. Même la solution de l'emprunt national n'est pas envisagé, car pour cela il faudrait sur le terrain des institutions financières qui fonctionnent. Par contre, les solutions sont claires et se scindent en trois volets. Dans un premier temps, le Conseil national économique et social (Cnes), doit élaborer une feuille de route, susceptible d'améliorer la balance des paiements. D'autre part, l'autonomie du gouverneur de la Banque d'Algérie par rapport à la sphère politique s'avère plus que judicieuse, notamment lorsqu'il s'agira de fixer les prix et d'orienter les modalités de paiement. Et enfin, la création d'un commissariat à la stratégie et prospective, est nécessaire, pour accompagner la présentation de la loi de finances au Parlement. Et ce, dans le but d'appuyer les députés dans leurs appréciations des dispositions de celle-ci.»