« Je m'affirme poète méditerranéen d'expression française !» Ce sont là les propos d'Yves Broussard, ce troubadour des temps modernes, de passage à Alger et que la création poétique place au sommet de la poésie française d'aujourd'hui... Citoyen du monde, Yves Broussard n'a de cesse de l'arpenter, en vue de communiquer aux amoureux des belles lettres ses charmants vers, faits de mystère et d'interrogations. Né en 1937 à Marseille où il réside, il est de 1960 à 1963, membre du Comité de rédaction de la revue Action Poétique. En 1970, il participe avec Jean Malrieu à la création de la revue L'autre Sud. Il a écrit dans de nombreuses revues poétiques internationales et participé à des livres d'artistes. Il a publié plus de vingt volumes et plaquettes entre 1961 et 1999, il fut lauréat des prix Artaud 1983, Apollinaire 1987, l'Académie Française 1991, la Société des Gens de Lettres 1997, et de Lucian Blaga (avec Jean Poncet) 1997. Ses innombrables voyages l'ont amené à découvrir l'Europe, l'ex-URSS, la Chine, le Yémen et maintenant, l'Algérie. Ses poèmes ont été traduits en albanais, anglais (USA, Australie, Irlande), allemand, bulgare, chinois, estonien, grec, italien, ouzbec, roumain, russe, tchèque et ukrainien. C'est dire de quel renom jouit ce poète français ! Autre langue dans laquelle il souhaite être traduit: l'arabe, pour la beauté de sa calligraphie et l'harmonie sans doute de ses intonations. Pour Yves, la poésie est l'expression suprême du langage. « Je suis quelqu'un qui transcrit les résultats de mes interrogations, mes communications avec l'invisible, ce qui n'est pas immédiatement perceptible par le commun des mortels », dit-il et d'expliquer sa démarche: «Ça mûrit... je jette des mots sur le papier, je mets en forme puis, je laisse mûrir, je travaille le tout, ensuite intervient le souci esthétique, la présentation du poème sur la page, le respect des blancs, pour laisser souffler le poème. Une sorte de ponctuation cachée...» Concis et brefs, les poèmes d'Yves Broussard répondent à un souci, non pas de «préciosité» mais de «précision». Agencés sur le ton de l'aphorisme, ils traduisent avec autant de subtilité que de gravité, l'ineffable silence, la démesure de l'indicible ou l'infiniment petit de nos frissons. Ses vers révèlent ainsi la magnifique étendue de l'éphémère: «Le vieux chêne est mort / qui marquait l'entrée / du domaine / qu'en a-t-on fait?/ Meubles de style / ou flammes d'espérance?». Yves Broussard est aussi membre du comité de rédaction, avec des amis poètes et écrivains, à Marseille, de la revue Les Archets. Celle-ci est dirigée par Richard Martin qui est déjà venu en Algérie, il y a quelques mois, rappelez-vous, à bord du Constata entraîné qu'il était dans cette folle aventure de l'Odyssée 2001. Yves était chargé de l'opération : Une bouteille à la mer qui, comme son nom l'indique, consiste à jeter après chaque accostage dans une ville de la Méditerranée, une bouteille contenant un message de paix, d'espoir, d'amour et de tolérance. Richard Martin, pour information, sera de nouveau parmi nous au mois de janvier prochain, pour animer un récital poétique intitulé: Poètes vos papiers! sur des textes de Léo Ferré. Quant à Yves Broussard, c'est mercredi et jeudi derniers qu'il était en notre compagnie, dans le cadre d'une rencontre amicale organisée par ses amis notamment A. Djelfaoui en collaboration avec le Centre culturel français. Et c'est simplement et modestement qu'il s'est ouvert à son public, à la Médiathèque du 1er-Mai (Alger) dans un parfait «exercice» d'altérité. Un récital poétique qu'il donna devant un auditoire avide de sensations pures, et drainé par la magie de ses vers. Il mêlera aussi ses idées et sa culture à celles des autres dans un rapport d'échange fructueux en vue d'une éventuelle consolidation de projets en commun... histoire de renouer avec la création puis la diffusion littéraire et poétique dans notre pays.