«Ce que nous demandons à l'Etat c'est d'assurer notre bénéfice». La menace des boulangers de recourir à une grève illimitée, ayant suscité en août dernier une panique indescriptible, tant au niveau des pouvoirs publics que chez les différentes franges de la société, refait surface. Le débrayage des boulangers, convient-il de préciser, a été décrété dans un préavis émanant d'un comité représentant cette catégorie de commerçants au sein de l'Ugcaa. Le même préavis a fait réagir sans trop tarder les services de la chefferie du gouvernement qui ont vite rendu public un communiqué dans lequel était mentionné l'engagement de l'Etat à prendre en charge les doléances des contestataires. La grève a été donc évitée in extremis. Parmi les promesses du gouvernement figurait également la célérité qui sera de mise dans la satisfaction par l'Etat des revendications énumérées par les boulangers affiliés, rappelle-t-on, à l'Union générale des commerçants et artisans algériens. Depuis la réaction du gouvernement, le comité des boulangers, à sa tête M.Ben Abdeslam Medjdoub, a attendu l'application sur le terrain de ses revendications socio-professionnelles. Entre-temps, l'Union générale des commerçants algériens (Ugcaa) a procédé, en date des 22 et 23 septembre dernier, au renouvellement de ses instances dirigeantes. Il aura donc fallu attendre la rencontre d'hier, tenue au siège de l'Ugcaa à Alger, laquelle a regroupé les secrétaires de wilaya et les présidents des comités affiliés à l'Union pour voir M.Ben Abdeslam Medjdoub brandir la menace de recours à la grève. «La patience des boulangers quant à la satisfaction de leurs revendications par les pouvoirs publics a atteint ses limites», a déclaré M.Medjdoub. Et d'ajouter: «Nous envisageons, d'ores et déjà, le recours à la grève pour rappeler au gouvernement ses engagements.» Ce qui motive le président du comité des boulangers de croiser de nouveau le fer avec les pouvoirs publics, c'est surtout l'augmentation d'un dinar de plus du prix du gasoil et de l'eau, tel que prévu dans la mouture de la loi de finances 2005, adoptée par ailleurs, par les deux chambres parlementaires. Ainsi, les boulangers font face à une augmentation des charges dont ils devront s'acquitter sans pour autant voir leur marge bénéficiaire augmenter. «Ce que nous demandons à l'Etat c'est d'assurer notre bénéfice. Cette revendication ne passe pas essentiellement par l'augmentation du prix du pain», a encore martelé M.Medjdoub devant les représentants de l'Ugcaa sur le territoire national, réunis, hier, sous l'égide de M.Salah Souileh, nouveau secrétaire général issu du troisième congrès de l'Ugcaa. M.Medjdoub ne fixe aucune date pour l'entame de la grève qui demeure à ses yeux «inévitable». Cependant, le président du comité des boulangers n'a pas manqué de préciser que le recours au débrayage illimité devra faire d'abord l'objet de «mûres réflexions».