«Pour des fins et des intérêts personnels, il incite les familles des victimes à déposer plainte contre la Cnan» indique M.Koudil. «Irrité» par les dernières déclarations faites par le Snommar, et certaines autres émanant de nos sources, le P-DG du Group Cnan, M.Ali Koudil, a communiqué à l'Expression sa version au sujet de ces déclarations, soulignant d'emblée qu'il n'a jamais été question d'accuser l'équipage des deux navires pour «négli gence et abandon de poste». «Personne n'a le droit aujourd'hui d'accuser qui que ce soit, seule la commission d'enquête est habilitée à se prononcer sur les causes de l'accident et c'est à elle aussi de situer les responsabilités», a-t-il avancé sur un ton colérique, refusant dans la foulée d'anticiper sur le travail de la commission d'enquête. M.Koudil a révélé, à ce propos, que les enquêteurs feront leurs premières déclarations dans la semaine qui suit et ce, dit-on, afin de mettre en garde «certaines personnes connues qui continuent et persistent à présenter la Cnan au banc des accusés». Dans sa lancée, le P-DG de la Cnan affirme que le président de la commission lui-même et dans le but de mettre fin à la polémique qu'un premier communiqué sera rendu public au cours de la semaine prochaine. Notre interlocuteur qui se retrouvait, depuis quelque temps, au centre de tirs nourris de part et d'autre, n'a pas manqué de confirmer que son entreprise cite en justice trois membres du Snommar ayant été, antérieurement, «à l'origine de graves déclarations contre la Cnan». A l'occasion d'un dialogue à bâtons rompus avec L'Expression, le premier responsable de la Cnan a dressé un sévère réquisitoire contre les commandants de bord des deux navires, le Béchar et le Batna. «Ces derniers étaient derrière de graves défaillances et accidents en mer au cours de ces dernières années». Puis, M.Koudil, pour mieux fustiger l'action des deux commandants, envers lesquels il a nettement durci le ton, déclare qu'ils ne sont pas habilités à s'exprimer au nom des travailleurs de la Cnan. Car, selon lui, il «n'existe pas de Snommar/ Cnan» au sein de son entreprise et que le seul syndicat représentatif est la section Ugta/Cnan. Mieux, le P-DG de la Cnan promet de livrer, après la fin de l'enquête, des documents «fracassants» remettant en cause les allégations et la sincérité affichée par les commandants de bord et les officiers du Snommar. A l'accusation qui évoquait l'absence de sanctions contre ces commandants qui ont été, selon M.Koudil, responsables de fautes graves, notre interlocuteur fera remarquer «qu'il n'a pas de droit de s'exprimer sur la gestion de ses prédécesseurs». En sus, «le commandant est le seul maître à bord», ajoute M.Koudil, tout en admettant que «l'absence du commandant de bord sur le navire est régie par le code maritime et le code pénal». Par ailleurs, le premier responsable de la Cnan dira que la commission d'enquête fera la lumière sur cette question précise et statuera sur le cas du commandant qui ne s'est pas trouvé, le jour de la tempête, à bord du navire. En outre, sur un ton confiant, M.Koudil promet de répondre aux «polémistes» au moment opportun. Car, a-t-il argumenté, la Cnan s'occupe actuellement des familles des victimes et de l'opération de déséchouage. Une chose est sûre, réplique son P-DG, la Cnan détient les preuves que la sécurité à bord des navires Béchar et Batna était assurée. Ces documents, a-t-il laissé entendre, ont été remis à la commission d'enquête. M.Koudil décochera d'autres flèches à l'adresse des officiers du Snommar pour dire que les précédentes déclarations de ces derniers ont été faites à dessein et pour des motifs inavoués. Toutefois, Ali Koudil reconnait officiellement et ouvertement que les deux navires Béchar et Batna étaient, depuis quelque temps, à l'arrêt. «Ces deux bateaux avaient les moteurs en marche, des gilets et des canots de sauvetage et tout ce qui est en relation avec la sécurité des navires et des équipages, le chef- mécanicien, les marins et tous les documents qui sont à notre disposition témoigneront sur la crédibilité de la thèse avancée. Je ne suis pas en train d'essayer coûte que coûte de dégager la responsabilité de la Cnan», a-t-il assuré également. Néanmoins, tout en admettant le fait que certains groupes électrogènes étaient en panne, M.Koudil a fait comprendre, documents à l'appui, que les pièces de rechange étaient à bord des navires. «Mais quand on est en rade, les chantiers ne peuvent pas se déplacer en mer, dans ce cas là c'est le bord qui fait les réparations mais l'opération a été remise aux calendes grecques». Le Béchar était destiné à la vente, avoue aussi notre interlocuteur. Cependant, une commission a décidé sa réparation et de le garder ainsi pour qu'il soit exploité. Selon les dires de M.Koudil, le Béchar devait entrer le 25 du mois en cours au chantier de réparation à Béjaïa. Quant au Batna, sa réparation coûte très cher, atteste aussi le P-DG. Or, «la Cnan à ce moment-là n'avait pas l'enveloppe budgétaire qui pouvait assurer la réparation du Batna, ses comptes étaient bloqués au niveau de la banque». Sur la question relative au fait que sur l'ensemble des navires seuls le Béchar et le Batna ont connu un triste sort, M.Koudil se garde de faire le moindre commentaire sur ce point précis, en disant qu'il «ne voulait pas anticiper sur le travail de la commission d'enquête». Il affirme enfin que le Snommar, «pour des fins et des intérêts personnels, incite les familles des victimes à déposer plainte contre la Cnan».