Plus serein que jamais, Abada ne semble pas concerné par autant de flèches décochées contre lui. Il n'y a pas un jour qui passe sans que la crise qui secoue le FLN, depuis maintenant deux années, ne connaisse un nouveau rebondissement. Hier, Si Affif, le plus redresseur des redresseurs, a déposé plainte contre Abada auquel il reproche la destruction des bureaux des redresseurs au sein du siège national. «Je viens de déposer plainte contre Abada qui a pris l'initiative de détruire et de changer les serrures de nos bureaux au niveau du siège national sans l'aval de Belkhadem» a déclaré hier, Si Affif qui a interpellé Abdelaziz Belkhadem. «Belkhadem doit assumer ses responsabilités dans cette affaire et imposer son autorité en tant que président de la commission de la gestion des affaires du parti ou en sa qualité de président de la commission de préparation du 8e congrès». Sitôt informé de cette affaire Abdelaziz Belkhadem s'est déplacé au siège du parti et «a ordonné» la restitution des clés des bureaux à Abdelhamid Si Affif, Abdelkader M'chebek et à Youcef Nahet. Irrité et apparemment déçu par le relâchement de Belkhadem dans la gestion des affaires du parti, Si Affif a indiqué que les instructions de Belkhadem n'ont pas été respectées. «Rien n'a été fait suite aux instructions de Belkahdem, quelle est alors son autorité? Est-il responsable? Ou alors c'est Abada qui est responsable?» Dans le même registre de reproches, Si Affif décoche une autre accusation encore plus grave contre Abada. Il y a deux semaines, Abdelaziz Belkhadem a désigné 48 encadreurs dans le cadre des préparatifs pour la tenue du 8e congrès. Une grande partie de ces encadreurs ont procédé à l'installation des commissions de wilaya. D'après Si Affif, cette liste a été sciemment changée par le groupe de Abada. «Pour ce faire, indique notre interlocuteur, Abada et son groupe ont scanné la signature de Belkhadem qu'ils utilisent ainsi pour fourvoyer le encadreurs à tel point qu'on se retrouve maintenant avec à la tête d'une même wilaya quatre, cinq et parfois six encadreurs» Une grave accusation de faux et usage de faux. Si elle se confirme, un coup fatal sera porté au processus de préparation du congrès dont les préparatifs devraient prendre fin le 5 décembre prochain. Plus serein que jamais, Abada ne semble pas concerné par autant de flèches décochées contre lui. Contacté hier, au sujet de la destruction des bureaux et de la plainte qui a été déposée contre lui, il a affirmé ne pas être au courant de cela ni même de cette accusation de faux et usage de faux : «Si Affif est libre de faire et de dire ce qu'il veut, moi, je ne suis pas au courant de cette affaire et j'ignore totalement la plainte dont vous me parlez», a-t-il déclaré sans donner de précisions ni montrer une quelconque inquiétude. Miné de l'intérieur puis fragmenté et ensuite éparpillé, le vieux parti évolue dans une durée circulaire où chaque détour est un retour. Il baigne dans une crise banale qui s'éternise et qui a défaut de sonner le glas des pro-Benflis mis à l'index, risque tout simplement d'emporter dans son sillage toute la maison FLN.