Deux cas de figure. L'incendie qui s'est déclaré, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, dans une unité du groupe industriel Enie à Sidi Bel Abbès fait suite à une longue liste d'événements similaires enregistrés dans le pays ces trois dernières années. «L'épidémie» semble avoir pour point de départ le mois de Ramadhan de l'année 2012. C'était au mois d'août de cette année-là où sept incendies ont été enregistrés dans des bases pétrolières à Hassi Messaoud. Le même mois c'était l'incendie de l'hôtel des Monnaies à Alger. En décembre de cette même année il y a eu l'incendie dans le sous-sol de la Grande Poste à Alger qui a privé de téléphone les riverains pendant une longue période. Au début de l'année suivante, c'était l'incendie de la raffinerie de Skikda qui n'en était pas à son premier sinistre. Au mois de mars (toujours en 2013) c'est un dépôt d'une société sud-coréenne qui travaillait à la réhabilitation de cette même raffinerie qui a pris feu. En septembre, une partie de la zone industrielle de Bordj Bou Arréridj a pris feu. Pour aller plus vite, l'année d'après, soit en 2014, l'agence BDL de Zéralda, l'hôpital Mustapha Bacha à Alger, au port d'Alger près de l'usine d'huile «Safia», une base de vie à Illizi, Tonic industrie à Bou Ismaïl, Samsung à Sétif, Condor pour la 2ème fois, L'Algérienne des eaux de Béjaïa, des bureaux de la direction du port d'Oran, tous ces sites ont connu des incendies. Cette année, c'est la biscuiterie Bimo qui a ouvert le «cycle» en mai dernier, Condor (encore lui) en juillet et même une unité de fabrication de...valises à Bordj Bou Arréridj le mois d'avant. Ce n'est pas beaucoup, c'est trop d'incendies. C'est trop d'usines qui partent en fumée au moment où tous les moyens sont mis pour «repeupler» notre industrie. Les causes? Il n'y en a pas trente-six, seulement deux causes possibles. Soit accidentelles soit criminelles. Soit la prévention des risques industriels est défaillante, soit c'est carrément du sabotage. Il est à regretter qu'aucune des conclusions de toutes les enquêtes qui ont été ouvertes après chacun de ces incendies depuis 2012 n'ait été publiée. La seule piste susceptible d'orienter l'opinion publique nous est donnée par le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, qui, en faisant état, samedi dernier, de l'existence de caméras de surveillance dans le site de l'unité de l'Enie, laisse supposer que la piste de l'acte criminel est privilégiée. Au moins dans ce cas. On voit mal des caméras «saisir» un court-circuit. Quoi qu'il en soit et dans ces deux cas de figure, ces incendies à répétition sont inadmissibles. S'il s'agit de défaillances, les mesures à prendre sont connues. Au-delà des sanctions, il faut contraindre les dirigeants d'entreprises publiques et privées à adopter des dispositifs de sécurité plus efficaces (on voulait dire plus conformes). S'il s'agit d'actes malveillants et tout en pourchassant les auteurs, renforcer la sécurité dans tous les sites sensibles par des vigiles que les entreprises devraient intégrer dans leur gestion. Trois années sans mesures draconiennes et appropriées cela s'explique difficilement. Si toutes ces affaires (citées plus haut) ne suffisent pas pour mettre le holà, que faudra-t-il alors? Bien sûr que dans ces incendies il peut y avoir des intentions de dissimulation de bilans, de documents liés à des transactions douteuses. Bien sûr qu'il peut aussi y avoir des cessations d'activités à moindre frais et mêmes lucratives par le truchement des assurances. Cela restera toujours des actes malveillants. Quant à l'éventualité d'actes de sabotages dans certain cas, il n'y a pas d'hésitations à avoir. En pleine crise économico-financière, en plein effort, financier surtout, de redressement et de diversification industrielle, il est clair qu'il faille durcir la législation. Et solliciter la participation des travailleurs. Pour protéger leur «gagne-pain»!