La décision du cheikh répond au besoin de magnanimité après la victoire emportée sur ses adversaires. Après la vague de protestations qui a secoué son parti, Abdallah Djaballah, président d'El Islah revient à la charge et appelle les «révoltés» au dialogue pour «l'intérêt» du parti. L'offre a été explicitement formulée par ce dernier à l'occasion de la rencontre qu'il a présidée jeudi à Zéralda, ayant regroupé les présidents des bureaux de wilaya et les responsables organiques au sein d'El Islah. «J'appelle les contestataires à rejoindre le parti et à accomplir leur devoir dans le cadre de ses instituions légitimes», lance-t-il dans son discours d'ouverture. Djaballah, tient à préciser: «Nous n'avons exclu aucun militant, les sanctions prononcées contre le groupe des 5+2 par le conseil consultatif obéissent, en réalité, à un souhait formulé par ce dernier le 23 octobre quand il avait démissionné du bureau national», et d'ajouter que «ces cadres ont préservé leurs postes au conseil consultatif». Par ailleurs, le président d'El Islah a sa propre vision de cette «réconciliation» qu'il tend à instaurer dans sa formation. «J'appelle les militants, tous sans exception, y compris les protestataires à éteindre le feu de la fitna», de «s'éloigner des rumeurs et de la diffamation». Le message est adressé spécialement aux frondeurs, a qui on a reproché de mener une campagne médiatique pour déstabiliser le parti. Djaballah invite ses militants à respecter les décisions du conseil consultatif ainsi que le règlement intérieur. Ce sont là les principaux préalables arrêtés par le chef du parti, sans lesquels, semble-t-il dire, le dialogue entre les deux parties antagonistes n'aura aucune chance d'aboutir. En somme, Djaballah invite ses «détracteurs» à se conformer aux règles dessinées par le chef du parti ce qui est, pour reprendre les propos utilisés par Djaballah «le symbole de votre union». Imperturbable, intransigeant, le chef islamiste a laissé croire jeudi, qu'il est en position de force, nullement affaibli par la «campagne de discrédit qui le visait en personne». L'appel de Djaballah aura t-il un écho favorable chez les frondeurs? C'est ce que nous avons essayé de savoir auprès de M.Miloud Kadri, président du groupe parlementaire et l'un des membres sortants du bureau national. Contacté par nos soins, ce dernier a confirmé que «nous n'avons jamais fermé les portes du dialogue depuis le début de la crise, précise-t-il, nous avons cessé de plaider pour la réconciliation». Et d'ajouter: «Nous espérons que la volonté exprimée par le Cheikh est sincère». Mais sur le terrain, cette réconciliation semble s'ébrécher face à «l'entêtement» de chacune des parties à s'accrocher à ses positions et à ne faire aucun pas en arrière. Les frondeurs ont aussi leurs préalables. «Djaballah doit annuler les décisions du conseil consultatif et corriger la ligne politique du parti, laquelle a dévié de ses principes», précise M.Kadri. Deux conditions rejetées dans le fond et dans la forme par Djaballah. «Le malaise est trop profond, les deux parties se livrent à un dialogue de sourds», précise une source proche du parti. Preuve en est, les membres sortants du bureau national et le président du conseil consultatif ont commencé, ce week-end, leur campagne de mobilisation de la base à travers plusieurs wilayas du pays pour dénoncer la gestion «chaotique» du chef du parti. Dans autre volet, l'on note que la réunion de jeudi tenue à Zéralda et la dernière du genre, avant la tenu du congrès du parti, prévue pour les 29, 30 et 31 décembre. Un rendez-vous décisif au sein de cette jeune formation islamiste. Conscient de ces enjeux, et afin de barrer la route aux contestations, Djaballah a appelé ses cadres à unir leurs efforts pour «réussir le pari, celui d'organiser un congrès démocratique, transparent.» Ce dernier a exhorté ses militants à élire en toute liberté, les congressistes qui vont le représenter à ces assises. Avant cette date, le parti aura à organiser les congrès de wilayas, les 9 et 10 et les 16 et 17 décembre. Ces derniers auront à débattre du projet de loi organique et de la vision politique du parti Notons qu'une commission parallèle de préparation du congrès, a été désignée par les contestataires. Elle est présidée par M. Mohamed Boulahia, l'ex-président du conseil consultatif.