La défiance de Louisa Hanoune à l'égard du gouvernement l'a poussée à douter de sa sincérité quant à la reprise du complexe d'El Hadjar. Il semble loin le temps où Louisa Hanoune défendait fermement le pouvoir. Depuis quelque temps la secrétaire générale du Parti des travailleurs ne rate, en effet, aucune occasion pour l'attaquer. La dernière en date en a été la présentation, hier, à la presse, du rapport de politique générale que le bureau politique allait discuter tout de suite après. Il a été une longue litanie de griefs contre le pouvoir et son Exécutif. Aucune intervention formulée par le premier ou fait par le second n'a trouvé grâce aux yeux de Louisa Hanoune. Pis encore, elle n'a pas hésité à déclarer que tout ce que fait le gouvernement depuis une année participe à fragiliser l'Etat. Une déclaration dont la gravité est davantage soulignée par le fait qu'elle laisse clairement sous-entendre que cette démarche se fait «dans l'intérêt d'une oligarchie prédatrice et des multinationales». Et ce, selon un plan qui repose sur deux mesures essentielles: l'abrogation de toutes les obligations imposées aux étrangers dans les LFC 2009 et 2010 et le retour à la privatisation (des entreprises publiques) via la Bourse. Ce faisant, elle a mis en exergue le poids qu'est en train de prendre l'oligarchie qu'elle dénonce dans le pays. Un poids illustré, selon elle, par les multiples cadeaux que le gouvernement ne cesse de lui faire. Déjà nombreux dans la LFC 2015, ils le seront davantage dans la loi de finances 2016. Et qui prendront la forme «de mesures d'austérité, pour la majorité» et «de nombreuses concessions, pour l'oligarchie». Qui auront pour conséquences inévitables, a poursuivi Louisa Hanoune, de «réduire sérieusement le pouvoir d'achat des Algériens». Surtout que, dans le même temps, la loi de finances précitée prévoit «des augmentations dans les tarifs de l'électricité, de l'eau et des carburants». Des mesures qui «se répercuteront, a-t-elle déclaré, sur les prix du pain, des transports et de la construction». Avec toutes les conséquences possibles sur la paix sociale. Et ce, d'autant plus que cette dernière sera également menacée par la réduction annoncée des budgets de fonctionnement et d'équipement. Celle du premier entraînant «la réduction de la création de postes d'emploi et l'arrêt des promotions internes» dans les secteurs publics. Et celle du second, «l'arrêt des grands projets» et, dans leur sillage, «la disparition de centaines de petites entreprises activant dans le secteur des travaux publics». La défiance de Louisa Hanoune à l'égard du gouvernement l'a poussée à douter de sa sincérité quant à la reprise du complexe d'El Hadjar. Pour la SG du PT, celle-ci n'est qu'un «marché de dupes» qui a permis à ArcelorMittal de réaliser des gains substantiels: en re-cédant ses parts à l'Etat algérien, celle-ci se voit exemptée de participer au règlement de la dette de 1 milliard de dollars qu'elle laisse, a-t-elle, dévoilé. Pis encore, cette reprise «n'est, selon elle, qu'une étape vers la rétrocession programmée à un membre influent de l'oligarchie». S'exprimant sur la tripartite qui se tient aujourd'hui à Biskra, Louisa Hanoune a clairement fait part de son scepticisme quant aux résultats qui en sortiront. Dans la lancée, elle a fait part de sa conviction que celle-ci, au vu de la propension de l'oligarchie à demander plus de concessions, va prendre des mesures qui vont à l'encontre des intérêts des travailleurs. Dans son analyse de la situation prévalant présentement dans le pays, la secrétaire générale du PT n'a pas manqué d'aborder les récentes mesures de restructuration du DRS. Et ce, pour souligner leur concomitance avec la montée en puissance de l'oligarchie. Et, partant, pour en souligner le danger: Louisa Hanoune est, en effet, convaincue que ces mesures, tout en constituant «un appel au pillage économique du pays, fragilisent sérieusement son immunité sécuritaire et remettent, non moins sérieusement, en cause la souveraineté nationale, notamment dans le domaine de la prise de décision militaire». Dans la foulée, Louisa Hanoune, qui dit «craindre une militarisation de la vie politique», a appelé à la mobilisation populaire «pour protéger l'Algérie des dérives qui la menacent...».