Un combat inégal et des meurtres au quotidien Le gouvernement israélien envisage de prendre la mesure drastique de boucler les quartiers palestiniens d' El Qods, et voudrait également «assouplir les règles de port d'arme»... Alors qu'une grève générale était organisée dans les territoires occupés, El Qods a connu hier sa journée la plus sanglante depuis le début de l'escalade des violences orchestrée par l'armée israélienne qui a multiplié les provocations et les meurtres, provoquant une riposte désespérée des palestiniens: trois israéliens ont été tuées et plusieurs autres blessées dans une attaque à l'arme à feu et un attentat à la voiture-bélier et au couteau. Au moins l'un des trois auteurs des deux attentats a été tué, les deux autres ayant été blessés par balles, selon la police sioniste. C'est la première fois que des individus ouvrent le feu dans un bus depuis le 1er octobre et l'abrupte montée de tensions que rien ne semble pouvoir arrêter. Cet attentat ne va pas manquer, dans une ville déjà à cran, de ranimer le souvenir des intifadas de 1987 et de 2000, lorsque les transports publics étaient une cible privilégiée des attentats. Deux jeunes palestiniens ont mené une attaque sur la ligne de bus 78 dans le quartier juif d'Armon Hanatziv à El Qods-Est, partie de la ville occupée depuis juin 1967 au mépris des résolutions des Nations Unies, par Israël. L'un d'eux a ouvert le feu avec son pistolet sur les 15 passagers présents dans le bus tandis que l'autre était armé de deux couteaux. Un homme de 60 ans est mort sur place, un autre passager a été évacué dans un état désespéré et trois ont été blessés, selon les secours. Un des deux auteurs a été tué, le second blessé par balles par la police. Quelques minutes plus tard, un autre Palestinien a foncé avec sa voiture sur des piétons à un arrêt de bus dans un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem-Ouest, tuant une personne et blessant légèrement une autre. Il est ensuite sorti de sa voiture, encastrée dans l'abribus, et a poignardé plusieurs passants, avant d'être blessé par balles. Au total, trois personnes ont été blessées grièvement, deux autres sérieusement et trois légèrement dans les deux attaques. Plus tôt dans la matinée, un colon avait été blessé au couteau dans la ville de Raanana, au nord de Tel-Aviv, dans une nouvelle attaque à l'arme blanche dont l'auteur palestinien a été «maîtrisé» par plusieurs colons. Le cabinet de sécurité israélien, qui regroupe les principaux responsables gouvernementaux de la sécurité autour du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a décidé de se réunir en urgence. Le gouvernement extrémiste envisage de prendre la mesure drastique de boucler les quartiers palestiniens d' El Qods, et voudrait également «assouplir les règles de port d'arme» afin de permettre aux colons de tirer à vue sur les Palestiniens «pour se défendre». Les tensions, plus ou moins latentes depuis des mois entre Palestiniens et Israéliens, se sont brutalement amplifiées après l'assassinat de deux colons en Cisjordanie occupée le 1er octobre. Les affrontements entre lanceurs de pierres palestiniens et forces israéliennes qui tirent à balles réelles sont désormais quotidiens et les agressions mutuelles permanentes entre Palestiniens et colons. Depuis 10 jours se succèdent les attaques au couteau contre des Israéliens, et les funérailles de Palestiniens tués en guise de représailles. Ces violences ont fait sept morts côté israélien et plus de 25 côté palestinien, dont plusieurs auteurs d'attentat. L'agitation a gagné la communauté des Arabes israéliens (17,5% de la population), appelée à une grève générale hier. Descendants des Palestiniens restés sur le territoire israélien après 1948, ils sont citoyens israéliens et largement solidaires des Palestiniens des Territoires. Cette grève générale s'est déroulée dans un climat de suspicion croissante entre les différents groupes sociaux, d'alarme chez les Israéliens et d'exaspération dans la jeunesse palestinienne. Les Palestiniens étaient quant à eux appelés à une nouvelle ́ ́journée de colère ́ ́ au cours de laquelle les jeunes vont défier les soldats israéliens qui n'hésitent pas à utiliser leurs armes en tirant à balles réelles et en tuant des jeunes, munis de pierres.