Compter sur soi. Les investissements directs étrangers (IDE) ont été totalement «passés à la trappe» lors de la tripartite qui s'est tenue, mercredi dernier à Biskra. Ni le discours d'ouverture des travaux prononcé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ni le communiqué final de cette 18ème session qui regroupe le gouvernement, l'Ugta et le patronat n'y font la moindre allusion. Seul le président du FCE, Ali Haddad, a évoqué le sujet dans son intervention. Pour mieux «l'enterrer». Il s'est dit convaincu que le développement économique et la création de richesses en Algérie «ne seront pas atteints par les investissements directs étrangers (IDE) mais par le capital national capable d'enclencher la dynamique envisagée». Il était temps d'arrêter de se désillusionner. De croire que les IDE «fonctionnent» sans interférence aucune sinon celle du profit. D'oublier que la financiarisation de l'économie mondiale restreint l'initiative individuelle de l'entreprise au profit d'un «collectivisme» aux règles non écrites mais strictes. Des règles qui consacrent la primauté du politique sur l'économique. Pour preuve, des moyens financiers énormes sont investis dans le cadre de ces IDE sur des projets industriels avant même l'existence des besoins sur le marché. De plus, ces investissements faramineux ont lieu dans des pays en guerre. L'exemple de la voiture électrique devrait suffire aux plus sceptiques. Alors et lorsqu'on entendait, jusque-là, des «experts» accuser le «climat des affaires» pour justifier «l'évitement» des IDE d'un pays comme l'Algérie où la stabilité et la paix règnent et ses potentialités réelles, on ne peut qu'être navré par tant de naïveté des uns et de «conflits d'intérêts» des autres. Que ces mêmes «experts» se penchent sur les causes de désindustrialisation contre lesquelles se bat un pays comme la France. Ils comprendront (peut-être) les véritables mécanismes des IDE. Ils comprendront pourquoi entre 2008 et 2013 pas moins de 748 entreprises étrangères dans «la revente en l'état», c'est-à-dire purement commerciales, se sont installées en Algérie alors qu'en plus d'une décennie (2002-2013) il y a eu seulement 320 investissements étrangers dans la production et les services (source Andi). L'Algérie n'a inventé ni le 51/49% (que nos autorités ont eu la bonne idée d'étendre aux activités purement commerciales) en particulier ni le protectionnisme de manière plus générale. Ni même le patriotisme économique que des pays avancés, comme la France, mettent en avant sans aucun complexe. Quant à la politique protectionniste des Etats-Unis, plus grande puissance mondiale, celle-ci est de notoriété publique. Ceci dit, le milieu financier n'a pas le monopole des IDE. Des accords de coopération, dans l'intérêt mutuel, entre les Etats existent également. Le plus grand nombre des investissements étrangers, hors hydrocarbures, dans notre pays ont été réalisés dans le cadre de ces accords. Avec les Américains, les Allemands, les Chinois, les Portugais, les Italiens, les Espagnols, etc. C'est ainsi que des tracteurs, des médicaments, des voitures, des logements, etc, sont en production chez nous en partenariat. Ce qui rend optimiste face au triple défi que notre pays doit et peut relever. La baisse des recettes pétrolières, la croissance économique et le maintien des transferts sociaux. En tout état de cause et le fait que le sujet des IDE ait été évacué à Biskra produira certainement son effet «attraction-répulsion». Il faut ajouter cette prévision de la Banque mondiale et du FMI (que rapporte de son séjour aux Etats-Unis, notre ministre des Finances, Aderrahmane Benkhalfa) sur l'Algérie qui est sur le point de devenir «une future Mecque des IDE». La conjoncture internationale n'est jamais figée. Ce qui diffère des idéologies!