L'institution, car ce devrait en être une, a implosé avant même de commencer à activer. La rumeur relative à l'éclatement de l'Alliance présidentielle, née un certain 16 mai de cette année, à peine un mois après la présidentielle, tend à se confirmer selon de nombreuses sources recoupées proches du gouvernement Ouyahia, mais aussi des trois partis composant ce regroupement. Celui-ci, parti sur la base d'un simple «pacte» visant à aider le président Bouteflika à décrocher un second mandat, s'est donné des prétentions dépassant de loin ses ambitions, dopé qu'il était par le résultat de 84,99 % décroché par ce dernier le 8 avril 2004. Cette Alliance s'est dotée d'un règlement intérieur, prévoyant, entre autres, la mise en place de structures consultatives et exécutives, avec des «sommets» ordinaires prévus tous les trois mois. Or, près de six mois plus tard, Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem et Bouguerra Soltani ne se sont pas rencontrés. L'Alliance, après moult périodes allant de la plus pure spéculation relative à la remise sur les rails jusqu'à des désaccords profonds apparus entre ses membres, a continué de tenir en haleine l'opinion jusqu'à ce que la rumeur relative au remaniement gouvernemental prochain ait fini de dévoiler le pot aux roses. La démocratie dans notre pays n'est pas assez mûre pour permettre la mise en place d'une Union pareille à celle qui existe en France entre les différents partis de droite, regroupés autour de la réussite du programme de Jacques Chirac, afin de s'assurer le prochain mandat de l'Union quel que soit son candidat. Les choses en Algérie sont tout autres. Les observateurs, dès l'époque de la mise en place de cette alliance, prédisaient qu'elle portait en son sein les germes de sa propre perte. De nombreux cadres influents dans les rangs du FLN ont accusé, à visage découvert, le RND de profiter de la crise qui secoue le premier parti du pays, et même d'oeuvrer à l'exacerber, afin de tenter de prendre sa revanche sur la double défaite de 2002. Un premier résultat a même été constaté depuis que c'est le secrétaire général du RND qui dirige le gouvernement alors que ce poste aurait dû, en toute logique démocratique, revenir à un cadre du FLN. Loin de faciliter les choses, le MSP a d'entrée de jeu, tenté de compliquer plus encore les choses en signalant vouloir garder sa liberté de manoeuvre sans pour autant quitter cette alliance. C'est pourquoi nous avons assisté bien souvent à des situations pour le moins surréalistes, dans lesquelles le MSP en tant que parti dénonce des projets, tout en les soutenant dans le cadre de sa présence au gouvernement, au sein de l'Alliance et même au Parlement. Il semble bien que la manière dont a été «votée» la loi de finances 2005 et le coup de gueule qui en a résulté de la part d'Abdelatif Benachenhou, un des hommes de confiance de Bouteflika, ait été la goutte qui a fait déborder le vase, déjà bien assez plein avec les blocages constatés contre toutes les réformes présidentielles, à commencer par celles de l'école et du code de la famille. Bouteflika, qui compte aller très vite dans ses réformes, attendu qu'il n'a plus droit à l'erreur depuis qu'il s'est assuré les pleins pouvoirs sur le plan électoral et institutionnel, a commencé d'auditionner un à un ses ministres dans le but de dresser les bilans de chacun, de localiser les secteurs défaillants et de procéder à un remaniement qui lui garantisse le maximum de chances de réussite. Sans doute n'en fallait-il pas plus à des ministres craignant pour leurs postes, et faisant face à des «crises» pour le moins inattendues, comme c'est le cas pour les amendements apportés à la loi de finances, ou bien l'affaire des touristes allemands pris la main dans le sac, pour commencer à se tirer dans les pattes, trahissant de la sorte une «peur-panique» de perdre leurs portefeuilles et tentant par là même de faire endosser à l'autre les manquements et erreurs qui ont été commis. La coalition gouvernementale en est à un tel point d'effritement que la rumeur va jusqu'à suggérer que le président pourrait même décider de dissoudre l'APN immédiatement après le remaniement gouvernemental, afin de s'assurer d'une meilleure représentativité, dans laquelle ne seraient pas exclus des courants bien implantés dans la société, tel que le FFS. Bouteflika, qui a un calendrier politique chargé pour le début de cette année, compte s'assurer d'une équipe efficace et compétente au sein du gouvernement, avec un Parlement où la mouvance réconciliatrice traditionnelle sera relativement mieux représentée. Le référendum relatif à l'amnistie générale et, accessoirement à la révision constitutionnelle, constituera déjà un avant-goût de ce que sera la nouvelle carte politique algérienne sous le second mandat du président Bouteflika.