Belkhadem, Ouyahia et Soltani espèrent jouer un rôle déterminant dans la campagne électorale qui s'annonce déterminante pour tous. Une fois le cap de l'Aïd franchi, et en attendant que le début de cette semaine s'achève avec le règlement de la crise du FLN dont le congrès rassembleur a été reporté pour le 29 de ce mois, l'ensemble des observateurs s'attendent à ce que la scène politique s'emballe véritablement. Cette accélération, nous indiquent des sources proches des partis au pouvoir, est avant tout motivée par les préparatifs en vue du démarrage de la campagne référendaire en faveur de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale. Le président Bouteflika, qui jouit d'une sorte de blanc-seing attribué par le peuple à la suite de sa réélection à la tête de l'Etat algérien avec une très confortable majorité, semble, en effet, résolu à faire de cette question la principale priorité de son second mandat. Le rétablissement définitif de la paix, comme s'accordent à le dire des sources proches du Palais d'El Mouradia, est un préalable nécessaire à l'entrée en vigueur véritable du restant des mesures relatives à la sortie de crise. C'est dans cette optique, apprend-on de sources gouvernementales, que les leaders de l'Alliance présidentielle comptent tenir un sommet dans le courant du mois prochain. Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia et Bouguerra Soltani devraient ainsi tenir une rencontre dès la première moitié du mois prochain avec un seul point insrit à l'ordre du jour: «le déploiement de l'ensemble des moyens dont disposent les trois partis de la coalition gouvernementale afin de mener une campagne efficace en faveur du programme présidentiel». Ces trois partis politiques, qui ont bien souvent été pris sous le feu nourri des réconciliateurs de la première heure, mais aussi de ceux qui soutiennent le président sans «vouloir» intégrer cette Alliance, auront ainsi à prouver, indiquent les mêmes sources, que «le président Bouteflika a fait le bon choix en leur faisant appel pour la formation de son gouvernement, mais aussi la promotion et l'application de son programme électoral». Du côté de ces trois partis, des sources qui ont requis l'anonymat indiquent que «le plan d'attaque, finalisé à plus de 80 %, prévoit la tenue de meetings partout, y compris dans les endroits les plus reculés du pays». La priorité sera même accordée aux zones qui ont le plus souffert du terrorisme et qu'il s'agira de convaincre d'accepter et de promouvoir le plan présidentiel portant règlement de la situation sécuritaire. Ces endroits tels que Chlef, Aïn Defla, Blida, Skikda et Laghouat verront ainsi la visite des leaders du Rnd, FLN et MSP afin d'y tenir des meetings. Ces trois partis, en outre, comptent aller vers des rencontres communes dans le but de prouver à tous que la réconciliation qu'ils défendent n'est pas un simple slogan politique mais bien une réalité politique qui concerne tous les Algériens, à commencer par les membres de l'Alliance eux-mêmes. C'est précisément à la poursuite de cet objectif que le secrétaire général du RND, par ailleurs chef du gouvernement, a repris sur les chapeaux de roue son dialogue avec le mouvement citoyen. L'accord global signé à peine deux jours après la reprise des négociation insiste, non sans raisons, sur «le règlement de cette crise (celle de la Kabylie. Ndlr) qui participe d'une démarche de réconciliation nationale, dont la philosophie principale est de réconcilier les Algériens entre eux». Loin d'être en reste, le président Bouteflika aurait lui aussi élaboré un programme très riche de déplacements à travers plus d'une vingtaine de wilayas afin d'y animer personnellement des meetings. Le chef de l'Etat, qui en profiterait pour se rendre compte de l'état d'avancement de l'application des différents plans d'aide à la relance économique, aura également à évaluer les besoins de chaque région dans le cadre du second plan quinquennal, fort de pas moins de cinquante milliards de dollars. Un groupe avec lequel il faudra compter, et qui a déjà pris une grande avance sur l'Alliance présidentielle, est comme de juste la commission nationale pour la réconciliation nationale. Celle-ci a acquis un poids certain depuis que l'ancien président Ahmed Ben Bella, signataire du contrat national et réconciliateur de la première heure, a accepté d'en devenir le président d'honneur. La Cnag, afin de mieux assumer son rôle de locomotive de la promotion du programme présidentiel, se serait assignée pour tâche d'inclure dans ses rangs de nombreuses autres figures qui pèsent sur les échiquiers politique, médiatique et même international, à commencer par d'anciens dirigeants de l'ex-FIS. Le principal d'entre eux, Abassi Madani, aurait déjà émis le voeu de rentrer au pays afin de mener campagne en faveur de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale dans les rangs de cette commission. Désormais bien placée sur orbite, cette dernière ne compte pas traîner en route. C'est ainsi que son premier meeting est prévu, dès le week-end prochain, dans la wilaya de Skikda où les quelques éléments terroristes encore dans les maquis attendraient que le président décrète son amnistie pour déposer les armes. La même «attente» est signalée partout où des groupes clairsemés et quasiment dépourvus d'armes occupent encore les maquis, tels que Blida, Aïn Defla et Chlef.