C'est là, la question qui revenait tel un leitmotiv dans les coulisses du Palais des nations. L'Algérie sera-t-elle le point de départ pour la bonne gouvernance dans le continent africain? C'est là, la question qui revenait tel un leitmotiv dans les coulisses du Palais des nations, en marge du discours prononcé par le chef de l'Etat. Depuis le 35e sommet de l'OUA, tenu à Alger en 1999, la question de la bonne gouvernance est au centre des forums politiques et économiques. L'Afrique qui n'a d'autre alternative que de s'intégrer dans la mondialisation, doit mettre en place les mécanismes appropriés pour se mettre au diapason des exigences des institutions internationales Une nouvelle donne générée par l'avènement d'un monde unipolaire sans pitié contre les «paresseux». L'adaptation à cette réalité passe incontestablement par l'instauration de la bonne gouvernance. Dans son discours prononcé, hier, devant quelque 34 délégations parlementaires présentes à la session d'Alger, le président Bouteflika commencera par l'essentiel: «Il ne saurait y avoir de bonne gouvernance sans Etat de droit, sans démocratie véritable, sans pluralisme politique...et sans contrôle populaire, assuré par des assemblées librement et régulièrement élues», affirme le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, lors de l'ouverture, hier au Palais des nations de la 27e conférence de l'Union parlementaire africaine. Une bonne gouvernance, souligne le premier magistrat du pays qui passe par «la transparence dans la gestion des affaires publiques, et sans reddition de comptes, assurée par des institutions constitutionnelles ou légales, affranchies de tout lien tutélaire, avec à leur tête une justice indépendante». Non sans rappeler que la conférence de l'UPA intervient après le sommet du Nepad qui a enregistré une participation record de pas moins de 24 chefs d'Etat et de gouvernement africains, M.Bouteflika a affirmé que les chefs d'Etat africains quelle que soit la force de leur détermination, «ne peuvent concrétiser les objectifs du Nepad que s'ils bénéficient d'un soutien fort et constant de la part des parlementaires africains». Cependant, faudra-t-il encore que les gouvernants africains, jouissent eux-mêmes de cette crédibilité, sachant, et c'est un secret de polichinelle, que la plupart des conflits prennent naissance de l'absence de transparence dans l'accès au pouvoir entre les militaires d'une part et une classe politique qui éprouve des difficultés à s'affirmer. Au point où même le principe retenu lors du 35e sommet de l'OUA, à savoir l'exclusion de tout Etat qui fait du coup d'Etat l'unique moyen d'accès au pouvoir, n'a pas été respecté, aussi bien par les Etats que par l'organisation panafricaine censée mettre en application ses propres décisions. Comme l'a si bien souligné le chef de l'Etat, la bonne gouvernance est avant tout un état d'esprit, une culture qu'il faut instaurer à tout prix au sein des institutions et de la société civile. Le rôle de la femme africaine, notamment son accès aux centres de décision, un chapitre qui a fait l'objet d'intenses discussions, a été évoqué longuement par M.Bouteflika. Le qualifiant de sujet sérieux qu'il faut aborder «loin des stéréotypes qui caractérisent souvent ce débat», le statut de la femme africaine est intimement lié au développement et surtout à la réforme des mentalités et «des traditions qui donnent aux femmes un statut inférieur non écrit». A noter que l'analyse du chef de l'Etat est diamétralement opposée à la conception des femmes parlementaires africaines de la notion d'émancipation. En effet, alors que ces dernières prennent part à une conférence censée débattre de démocratie et de bonne gouvernance, elles n'ont trouvé mieux à faire que de demander au bureau de la 27e conférence qu'il soit accordé à la femme africaine des quotas dans les centres de décision. Une doléance qui, encore une fois dénote que la bonne gouvernance et la démocratie ont beaucoup de chemin à faire dans le continent africain. Pour le chef de l'Etat, «la femme algérienne s'est émancipée lors de la guerre de Libération, dans les efforts de développement et dans la lutte antiterroriste où elle a payé un lourd tribut». Enfin, abordant les questions internationales, le président de la République à réitéré le soutien de l'Algérie au rôle de l'ONU dans le règlement des conflits à travers le monde. Concernant le conflit du Sahara occidental, l'orateur a réaffirmé «la pertinence et la validité du plan Baker. Il rappellera que cette question concerne le Maroc et le Sahara occidental» et que «l'Algérie n'a aucun intérêt dans cette affaire». Car, conclut-il, «ni l'Algérie ni le Maroc n'ont l'intention de déménager».