Le procès s'est déroulé dans un climat d'extrême tension. Le procès des cinq touristes allemands pris la main dans le sac, en train de piller des oeuvres archéologiques algériennes s'est ouvert hier, au tribunal de Djanet à 13 heures de l'après-midi. Le procès se poursuivait jusqu'à l'heure où nous mettons sous presse. La tendance générale qui se dégageait était à une relative clémence. La raison en est toute simple, nous indiquent des sources judiciaires jointes sur place. « Il y a un vide juridique concernant le pillage des oeuvres artistiques et archéologiques algériennes.» Le procès s'est déroulé dans un climat d'extrême tension. La défense a plaidé non coupable contre toutes les preuves accablantes présentées, dont la centaine d'objets trouvés sur les touristes. Ces derniers, quant à eux, ont signalé juste avoir voulu «emporter des souvenirs» (sic). Les parties civiles, douanes algériennes et Parc national du Tassili, soucieuses semble-t-il de donner l'exemple, ont demandé des amendes de 10 millions de dinars chacun en plus de 5 milliards de dommages et intérêts, outre la saisie des deux véhicules et de tout le matériel qu'il contenait. Se basant sur la loi 18-04, le parquet, pour sa part, a requis une peine d'un an de prison ferme pour les inculpés, suivie de leur expulsion du territoire national avec interdiction d'y revenir pendant une période pouvant aller jusqu'à une dizaine d'années. Il semble toutefois que le verdict attendu consiste juste, ajoutent les mêmes sources, en des amendes symboliques afin de donner l'exemple et de montrer que l'Algérie n'est plus cette passoire dans laquelle des agences touristiques organisent au vu et au su de tous des «shopping» dans les richesses patrimoniales de notre pays. Ce n'est pas là la seule raison. Il est curieux de relever, en effet, que ces cinq touristes, dont l'affaire aurait pu rester secrète, n'était le tapage médiatique qui en a résulté à la suite de leur disparition, ont suivi, à peu de choses près, le même cheminement que leurs «camarades» enlevés par les terroristes du Gspc, ce qui peut prêter à penser qu'ils auraient pu être en mission commandée et se couvrir par cette affaire de vol d'oeuvres archéologiques. Ainsi donc, ce procès, qui s'est ouvert, hier, à une heure tardive de l'après-midi, a été une longue et minutieuse reconstitution des faits, depuis l'arrivée des Allemands à Djanet, leur départ pour Illizi, leur prise d'attache avec l'agence touristique «Chenna voyages», leur dernière nuit à l'hôpital et enfin leur brusque disparition, très tôt le matin, faussant compagnie à leur guide, Azzeddine Chabrou. Celui-ci, désemparé et soupçonneux, alerte immédiatement la gendarmerie locale ainsi que le commandement militaire de la région. Les recherches immédiatement déclenchées, s'épuisent en pistes et hors pistes. Jusqu'au cinquième jour, lorsque le guide, fin connaisseur du désert, «piste» des traces des pneus. Au bout, il découvre les touristes qui dormaient, sereins et insouciants, à la belle étoile. Immédiatement, il alerte les militaires qui les arrêtent le 19 novembre à 23heures passées selon la version officielle, puisque le ministre du Tourisme, avant sa rétractation, nous indiquait que les «disparus» avaient été retrouvés la veille, samedi 20 novembre à Tadart, une zone désertique située à quelque 200 kilomètres de Djanet. Après investigations, les autorités militaires alertent la gendarmerie, chargée de menée l'enquête. Le procureur de la République près le tribunal de Djanet les inculpe de «vol de pièces archéologiques protégées». Pendant près de cinq jours, la disparition de ces cinq touristes allemands avait alimenté la presse privée et nourri les appréhensions des services de sécurité, qui, tous, craignaient qu'un second rapt se soit produit dans le Sahara, après celui, très médiatisé, de mars 2003, où 32 touristes européens, dont 15 Allemands, ont été kidnappés, avant d'être relâchés, à Kidal, au nord du Mali, au terme d'une abracadabrante course-poursuite de cinq longs mois.