Afin d'expliquer leur opinion, les contestataires ont entamé vendredi dernier une campagne dite de «sensibilisation» à travers tout le territoire national Le guerre feutrée que se livrent les deux parties antagonistes au sein du mouvement El Islah est loin de connaître son épilogue. L'appel au dialogue lancé jeudi par M.Abdallah Djaballah, président du parti, à partir de Zéralda, ne semble pas atteindre ses objectifs. Les «révoltés», pour reprendre les propos du leader du parti, sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur mouvement. «Djaballah voudrait nous donner un statut de repenti, chose que nous rejetons catégoriquement», précise M.Kadri, président du groupe parlementaire. Pour notre interlocuteur le groupe des 7 a «agi dans l'intérêt suprême du parti» et d'ajouter, «nous avons émis quelques réserves quant à la gestion du parti, et principalement la déviation de sa ligne politique, c'est un droit acquis à tous les militants». Afin d'expliquer ce point de vue, les contestataires ont entamé depuis vendredi dernier une campagne dite de «sensibilisation» au niveau de la base et ce à travers tout le territoire. Une campagne qui va se poursuivre cette semaine. «Nous avons la base avec nous», précise M.Kadri. Notant que Djaballah a appelé, jeudi, les contestataires «à rejoindre le parti et à accomplir leur devoir dans le cadre de ses institutions légitimes», estimant par là même que «nous n'avons exclu aucun militant, que les sanctions prononcées contre le groupe des 5+2 par le conseil consultatif obéissent, en réalité, à un souhait formulé par ce dernier le 23 octobre quand il avait démissionné du bureau national». Enfin, il avait invité ses cadres «à éteindre le feu de la fitna». Sur le terrain, c'est le flou total. Une situation illustrée parfaitement à travers la guerre des communiqués. Hier, les bureaux de wilaya de Souk-Ahras, Guelma, Batna ont exprimé leur appui aux contestataires. Les mêmes bureaux avaient paradoxalement assisté à la rencontre présidée jeudi par Djaballah et signé les résolutions finales. Par ailleurs, le groupe des 7 exige le report du congrès, prévu pour le 29 décembre prochain. Il compte accélérer la cadence à une semaine près de la tenue des congrès de wilaya, qui constitue la dernière ligne droite avant les 1ère assises du parti. «Si Djaballah persiste dans sa démarche, nous serons contraints dans ce cas-là à recourir à d'autres mesures», y compris ajoute-t-il «l'organisation d'un congrès parallèle», qui sera chapeauté par «la direction légitime du parti, autrement dit, par les cadres exclus.» Une déclaration qui nous renvoie étrangement au scénario du FLN. Les redresseurs de l'ex-parti unique, semblent bien inspirer les dissidents d'El Islah qui menacent de recourir à la justice. Ces derniers s'apprêtent aussi à organiser une conférence de presse pour rendre publique la fameuse lettre qu'ils auraient adressée le 23 octobre à Djaballah, laquelle serait à l'origine de l'éclatement du parti.