Selon les responsables du journal, le prétexte de l'accumulation des dettes ne tient pas la route. Le quotidien arabophone Essabah Al Djadid n'a pas paru mercredi et jeudi. Les trois imprimeries publiques, à savoir la SIA, la SIE et la SIO, ont décidé, en effet, de bloquer l'impression du journal sans au préalable, aviser ses responsables. Dans un communiqué rendu public, jeudi 2 décembre, la direction d'Essabah affirme ignorer les motifs de cette suspension et conteste le prétexte du règlement des créances que les directeurs des deux sociétés d'impression de l'Est et de l'Ouest ont avancé pour expliquer cette suspension surprenante à plus d'un titre aux yeux de l'équipe rédactionnelle d'Essabah. Le rédacteur en chef de la publication, Nesser Edine Kacem, que nous avons interrogé, balaie d'un revers de la main l'information quant à l'accumulation des dettes, considérant dérisoire les 90 millions de centimes que la publication doit à la SIE et qui ne constituent, selon lui, en aucune manière une raison valable pour procéder, sans préavis de surcroît, à la suspension du journal. De même pour la cause de panne technique que la direction de la SIA brandit. «S'il y a eu réellement panne technique pourquoi seulement Essabah se retrouve seul suspendu», se demande M.Kacem comme pour récuser cette version des faits. Ce dernier dénonce l'opacité dans laquelle est gérée cette affaire. Toutes les excuses avancées ne tiennent pas d'après lui, debout. En l'absence d'une explication sensée et face à la fin de non-recevoir que les responsables des trois imprimeries ont opposé à la direction du journal, M.Kacem ainsi que les journalistes, sans être pour autant formels, n'écartent pas le caractère politique d'une telle décision. «Nous avons publié récemment plusieurs articles, notamment sur l'implication d'un ancien président de parti algérien avec les services secrets marocains qui, semble-t-il, n'ont pas été du goût des responsables du pays», soupçonne notre interlocuteur qui affirme que la direction du journal avait pris attache depuis le début avec l'ensemble des parties concernées pour comprendre les motifs de la suspension.