«Il n'a rien à faire ici...C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE. Cette sortie médiatique intempestive du chef de la diplomatie marocaine s'apparente à un «bras d'honneur» aux Nations unies. Elle intervient en effet dans la foulée de l'appel lancé par le secrétaire général des Nations unies à de «véritables négociations» pour parvenir à sortir le conflit du Sahara occidental de l'impasse pour permettre au peuple sahraoui de s'exprimer librement dans le cadre d'un référendum d'autodétermination. «J'appelle instamment toutes les parties dans la région et au sein de la communauté internationale la plus large de tirer profit des efforts intensifs (menés) par mon envoyé personnel (Christopher Ross) pour faciliter le lancement de vraies négociations dans les prochains mois», avait déclaré Ban Ki-moon, le 4 novembre dernier, à partir de New York. «Sous ma direction, mon envoyé spécial Christopher Ross a intensifié ses efforts pour faciliter l'entrée des (deux) parties (Front Polisario et le Maroc) dans des négociations sans conditions préalables et de bonne foi afin de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable, permettant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental» avait-il souligné. Le Maroc ne l'entend pas de cette oreille. Il fixe des lignes rouges au représentant personnel du SG de l'ONU qu'il considère persona non grata au Sahara occidental et lui signifie que de toute façon le dernier mot revient aux Marocains. «Le cadre de sa mission est de faciliter une négociation, et pour ce faire il peut se rendre à Alger, à Tindouf et à Rabat. Il peut proposer plusieurs choses que nous pourrons accepter ou pas; nous lui expliquons que cela ne s'inscrit pas dans le cadre de sa mission et lui il comprend et accepte», a indiqué.le chef de la diplomatie marocaine. A prendre ou à laisser. Mohammed VI a décidé de défier Ban Ki-moon et de réduire la marge de manoeuvre de son représentant personnel qui avait fait l'objet d'un retrait de confiance au mois de mai 2012. Un remake? Ça en prend le chemin apparemment. La réaction marocaine, à l'invitation du SG de l'ONU, qui s'apparente à une fin de non-recevoir met en exergue toute l'hostilité entretenue par le pouvoir marocain vis-à-vis de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Le chef de la diplomatie marocaine la symbolise dans des termes qui ne font pas honneur au rang qu'il occupe. «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», a déclaré Salaheddine Mezouar dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole EFE en marge de la visite du monarque alaouite à Laayoune (capitale occupée du Sahara occidental) où il a célébré le 40ème anniversaire de l'invasion du Sahara occidental. Que pense-t-on côté sahraoui de cette nouvelle incartade de l'ex-ministre de l'Economie et des Finances du gouvernement de Abbas El Fassi (octobre 2007-janvier 2012)? «Cela prouve que l'occupant marocain se trouve dans un isolement et fait face à la communauté en totale contradiction avec les résolutions de l'ONU, appelant à la décolonisation du Sahara occidental sur la base du respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination» a fait remarquer le chef de la diplomatie sahraouie. «Le ministre marocain des Affaires étrangères et son gouvernement doivent être conscients que le peuple sahraoui demeurera attaché à ses droits légitimes à la liberté et à l'indépendance et continuera à lutter à travers les voies et moyens en sa disposition jusqu'au recouvrement de son indépendance», a rappelé Mohamed Salem Salek. Le président de la République sahraouie n'a pas exclu le recours aux armes pour y parvenir. «La communauté internationale n'assume pas ses responsabilités à un moment où la patience du peuple sahraoui est épuisée, notamment les plus jeunes sont impatients pour la reprise des hostilités», a indiqué Mohamed Abdelaziz qui a annoncé que «le retour à la lutte armée est l'une des options à débattre lors du prochain congrès du Front Polisario», qui se tiendra à partir de la troisième semaine de décembre prochain à Dakhla. Après tout, c'est peut-être la seule alternative qui ramènera le souverain marocain à la raison...