Ce groupe tiendra sa deuxième réunion aujourd'hui à Alger. La polémique suscitée par l'initiative des 19 a complètement effacé l'opposition qui n'a ni applaudi ni critiqué cette initiative. Alors que le groupe des 19 personnalités, dont la controverse est largement amplifiée au sein de l'opinion publique, s'apprête à remettre une couche, aujourd'hui, lors de sa deuxième réunion prévue à l'hôtel Esafir à Alger, l'opposition observe un silence assourdissant. Tandis que les partis du pouvoir, à l'image du FLN de Saâdani et le RND d'Ahmed Ouyahia se déchaînent contre le groupe des 19 ayant adressé une demande d'audience au président Bouteflika, au motif de savoir si c'est le chef de l' Etat qui gouverne, l'opposition s'est contentée de noter que le temps leur a donné raison. Une relative méfiance est affichée par les acteurs de l'opposition à l' égard des 19. Même si ce fameux groupe dit vouloir exprimer tout haut, les inquiétudes formulées tout bas, certaines composantes de l'opposition refusent de cautionner cette démarche quand d'autres ne sont ni pour ni contre cette action. Ainsi, l'opposition, qui s'attelle aux préparatifs du deuxième congrès, semble être prise au dépourvu par cette action d'éclat menée par des personnalités dont la quasi- majorité compte parmi les soutiens et les proches du pouvoir. Toutefois, il n'en demeure pas moins que les finalités avancées par le groupe des 19 pour justifier sa démarche ont apporté de l'eau au moulin de l'opposition. Quoi qu'il en soit, l'initiative des 19 a propulsé au-devant de la scène la lancinante question de la vacance du pouvoir, constamment enfourchée par l'opposition. Si l'opposition revendique la mise en place d'une transition démocratique, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, l'une des initiatrices de cette action, s'inscrit en porte-à-faux contre la transition démocratique et la limitation des mandats présidentiels. En fait, la position de l'opposition qui a fait de l'illégitimité et de la vacance de pouvoir son cheval de bataille depuis le 4e mandat, est diamétralement opposée à la position et à la démarche de ces personnalités. La sortie des «19» est venue conforter les arguments de l'opposition car les signataires de la demande d'audience accusent l'entourage du président plutôt que le chef de l' Etat. Par cette démarche qui se veut apolitique et désintéressée, les auteurs se disent vouloir connaître les origines des dernières décisions prises par l'Exécutif. Ce derniers ont également brossé un tableau noir sur la situation générale du pays. Il est à relever que les partis au pouvoir se sont focalisés sur la responsable du PT. «La lettre dévoile l'identité de l'auteur de cette initiative, un chef de parti politique, déchaîné depuis quelques mois déjà contre l'Etat et contre son premier dirigeant», a souligné le communiqué du RND. «Le groupe des «19» accuse Bouteflika de porter atteinte aux institutions de l'Etat et aux intérêts de l'Algérie», est-il ajouté. En citant nommément Louisa Hanoune, Saâdani avait affirmé qu'une partie des signataires est instrumentalisée par des parrains et que «la secrétaire générale du PT a perdu la boussole, depuis que ceux qui la parrainaient ne sont plus en poste». Le patron du FLN, comme celui du RND, a signifié une fin de non-recevoir, en omettant d'indiquer s'il a transmis la lettre ou non au président. Enfin, il semble que la feuille de route des 19 ait été préalablement tracée, en affirmant qu'ils ont constaté d'énormes dérives que celles de la remise en cause du droit de préemption de l'Etat.