Une décision qui supprime la marge de surproduction et non le plafond de l'Opep. Aussitôt annoncé au Caire par le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, aussitôt confirmé par l'Opep. Le cartel va réduire sa production d'un million de barils/jour à compter du 1er janvier prochain et se réunir le 30 janvier pour évaluer l'évolution du marché. «Afin de prévenir la poursuite de la dégradation des prix jusqu'à un niveau bas indésirable, les pays membres ont décidé de réduire collectivement la surproduction de 1 million de barils par jour, par rapport à l'actuelle production», a indiqué, hier, un communiqué de l'Opep. Une décision qui vise «à modérer» le prix du baril, pour reprendre l'expression du conseiller présidentiel nigérian pour l'énergie, Edmund Daukoru. L'Opep n'a fait, en prenant cette décision attendue, que réduire une marge de dépassement de son quota d'un million justement. Actuellement, l'Opep fournit environ 28 millions de barils par jour (hors Irak, exclu du système de quotas), alors que son plafond officiel est de 27 mbj. «Une grande partie de ce dépassement est à mettre au compte de l'Arabie Saoudite en raison de l'étendue de ses capacités de production» qui produit actuellement environ 9,5 mbj. Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), chargée de la sécurité énergétique des pays de l'Ocde, établit dans son rapport mensuel, publié ce vendredi, que «le marché du pétrole n'est pas encore tiré d'affaire» et que son prix est toujours élevé. Le rapport ajoute: «Tandis que le marché du brut devient plus équilibré, le secteur de la production évolue dans une direction différente. Exceptés le fioul et l'essence, le secteur est beaucoup plus troublé.» Pour l'agence, «la situation est déconcertante» et les membres de l'Opep «effrayés par la récente consolidation des stocks de brut et par le différentiel de prix...». Elle qualifie l'inquiétude à l'égard d'une baisse de prix de «quelque peu exagérée». L'AIE énumère plusieurs facteurs d'incertitude à savoir «les risques de l'offre associés à des contraintes de capacités, l'incertitude géopolitique, les perturbations de la production liées à la météo, les incertitudes de la demande en fonction également de la météo, les marges de raffinage et la demande des pays hors de l'Ocde». Or les facteurs d'inquiétude, côté Opep qui fournit environ 40% du brut mondial, est la reconstitution importante de stocks des pays importateurs. En effet, les stocks commerciaux de pétrole des pays de l'Ocde sont de 2,616 milliards de barils, en octobre, soit plus de 47 millions de barils que l'an dernier. Les cours du brut ont dégringolé de plus de 15% en l'espace d'une semaine, à un niveau inférieur de 25% aux sommets atteints fin octobre. Jeudi soir, le baril de brut valait 42,53 dollars à New York, soit 13,14 dollars de moins qu'à son plus haut niveau le 25 octobre. Par ailleurs, l'Agence d'information sur l'énergie américaine (AIE), a estimé pour sa part, ce jeudi, que le prix annuel mondial moyen du baril de pétrole devrait baisser d'ici à 2010, avec l'arrivée de nouveaux approvisionnements sur le marché, avant de remonter lentement en allant vers 2025. En dollars constants le prix de 35 dollars en 2004, serait de 25 dollars en 2010 avant de passer à plus de 30 dollars en 2025. L'étude explique cette tendance à la baisse par le maintien de «l'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à continuer une politique visant à accroître la production, que des ressources suffisantes existent et que l'accès au capital va être disponible pour développer la production».