Privé de son assise populaire traditionnelle, le parti dissous recourt aux combats juridiques internationaux. Après avoir annoncé dans un fracassant communiqué la dissolution du bureau national exécutif de l'ex-FIS, tirant au passage à boulets rouges sur Abassi Madani et Ali Benhadj, le djazaâriste Mourad D'hina est revenu à la charge à la faveur de la libération d'Ahmed Zaoui, détenu en Nouvelle-Zélande depuis 2002. Celui-ci est, pour rappel, accusé par les autorités algériennes d'appartenance au GIA, et de soutien à leurs actes criminels. Il a de ce fait été condamné à la peine capitale par contumace. La demande d'extradition formulée en ce sens n'a toutefois pas abouti en dépit de la conscience qu'a prise le monde des dangers énormes que fait peser sur le monde entier le terrorisme islamiste. Ahmed Zaoui, qui a fui la Belgique où il risquait fort de se faire mettre en prison, sinon extrader vers l'Algérie, se trouvait en détention depuis 2002 en Nouvelle-Zélande. Ce pays, pourtant proche des thèses US, a officiellement reçu des délégations composées de «dirigeants» du bureau exécutif de l'ex-FIS issu de son «congrès on-line» tenu la même année sous les auspices de Mourad D'hina, mais boudé par la plupart des ténors encore vivants, à savoir Anouar Haddam, Rabah Kébir, Abassi Madani, Ali Benhadj, Ali Djeddi, Abdelkader Boukhamkham...La délégation de l'ex-FIS, en effet, avait été reçue par Lilian Dalizial, ministre de l'Emigration en Nouvelle-Zélande, ce qui avait soulevé un tollé général à cette époque. De la même façon, Alger avait eu à protester officiellement contre le fait que Berne ait permis à un parti légalement interdit de tenir sur son territoire un supposé congrès que certains services secrets occidentaux auraient favorisé et protégé pour des raisons qui restent encore à définir. Toujours est-il qu'après deux années de détention, Ahmed Zaoui, jouissant d'une campagne menée tambour battant en sa faveur par certaines ONG, et même des associations chrétiennes, a été remis en liberté ce jeudi avant de rentrer chez lui, c'est-à-dire une maison que les activistes islamistes ont dû mettre à sa disposition au niveau de ce pays peu éloigné de Bali et de l'Australie. Dopé par cette libération, somme toute inattendue, le bureau exécutif de l'ex-FIS, qui en profite pour annoncer en filigrane son dégel, demande que la même mesure soit appliquée aux autres activistes soupçonnés d'appartenance à des groupes terroristes et d'apologie du crime. Tous sont condamnés en Algérie par contumace. Il s'agit, entre autres, de Mourad D'hina en Suisse, Abdallah Bennaoum en Hollande, Anouar Haddam aux USA, Ahmed Si-Mozrag et Moussa Kraouche en France, Abdallah Nacer et Ahmed Ben Krifa en Belgique et, enfin, Djamel Lounissi en Italie. Curieusement, le communiqué, authentifié par diverses sources, ne souffle pas mot sur les personnes réfugiées à Londres. Est-ce à dire que le Royaume-Uni continue de se montrer peu regardant sur les activités de ces groupes en contre-partie d'une sorte de pacte réciproque de «non-agression»?