Quatre familles sur les six résidant dans les logements d'astreinte du lycée «route de Sétif», au chef-lieu de la wilaya ont eu affaire à un huissier de justice. En l'espace d'une semaine, la problématique d'occupation des logements de fonction ou d'astreinte refait surface par deux fois, illustrant ainsi la volonté des pouvoirs publics de récupérer ces unités d'habitation, mais également la détermination des occupants à ne pas céder à la pression dans le respect du cadre légal. Par deux fois, ces «occupants indésirables» ont reçu les visites de l'huissier de justice leur intimant l'ordre d'évacuer les lieux, conformément aux décisions de justice rendues en la matière. Après les trois ex-cadres du secteur de la formation professionnelle, c'était hier au tour d'autres retraités de l'Education nationale résidant dans les logements d'astreinte du lycée Chouhada Mokrane de recevoir la visite d'un huissier de justice. Quatre familles sur les six résidant dans les logements d'astreinte du lycée «route de Sétif», au chef-lieu de la wilaya ont eu affaire à un huissier de justice accompagné des services de sécurité, qui leur a intimé l'ordre d'évacuer les lieux sous la huitaine. Faute de quoi, racontent, les responsables de familles il sera procédé à leur délogement de force. La société civile et politique de la région s'est mobilisée pour soutenir ces familles. Deux candidats aux sénatoriales de ce mois de décembre, en l'occurrence Marouani du FLN et Deboub du RCD, ont jugé utile de se mettre du côté des familles, refusant que des familles composées de personnes âgées soient jetées dans la rue à défaut «de leur proposer des solutions de relogement après de longues années de loyaux services». «Ces familles sont mortes de peur à l'idée de vivre l'expérience traumatisante d'une expulsion», regrettait hier un citoyen venu en soutien aux familles. «Sur six familles qui résident dans les logements d'astreinte du lycée Chouhada Mokrane, quatre seulement font l'objet d'expulsion», note un élu de la commune de Béjaïa. Les citoyens et élus présents sur les lieux ont exigé «des solutions de relogement». Prêtes à évacuer les lieux, ces familles ne veulent ni plus ni moins que d'être recasées comme le stipule le cadre législatif. «Le personnel d'encadrement occupant des logements par nécessité absolue de service, dont le départ à la retraire intervient au maximum dans les 5 ans qui suivent bénéficie automatiquement d'un logement», nous expliquait récemment un des trois ex-cadres du Cfpa garçons, sujets à la même procédure. Autant les victimes que leur soutien, tout le monde évoquait «un piétinement de la loi» et juge «inacceptable» qu'ils soient les seuls à être ciblés par cette opération, sachant que d'autres logements de fonction sont occupés dans les mêmes conditions ailleurs sur le territoire de la wilaya et national. La volonté des directions administratives relevant du secteur public de récupérer leurs biens bute sur la résistance des personnes concernées. A trop tergiverser et temporiser sur ces cas qui devraient en principe trouver solution au lendemain des départs en retraite, les tutelles se trouvent face à un imbroglio pas facile à résoudre d'autant plus que les familles concernées bénéficiaient d'un soutien de la société civile à chaque fois qu'une tentative d'évacuation est entreprise. Si la semaine dernière, la tutelle de la formation professionnelle a dû surseoir à l'opération d'évacuation en raison de l'opposition des familles concernées arguant que la Cour suprême n'a pas encore tranché sur le litige, hier l'envoyé judiciaire au lycée Houhada Mokrani s'est contenté d'un ultimatum d'une semaine. Récemment encore, cinq familles d'enseignants en retraite habitant des logements de fonction depuis plusieurs années dans le centre-ville de Béjaïa ont failli, elles aussi, se retrouver dans la rue en cette période hivernale. Le problème d'occupation des logements de fonction après les départs en retraite n'est pas propre au secteur de la formation professionnelle, mais il touche tout le secteur de la Fonction publique, notamment celui de l'Education nationale. Des milliers de fonctionnaires sont soumis à la pression dès leur départ en retraite bien qu'une circulaire ministérielle (N°95), garantit pourtant aux retraités le droit de demeurer avec leurs familles dans le logement qu'ils occupent depuis plusieurs années, voire des décennies pour certains, tant qu'un logement équivalent ne leur a pas été attribué par la tutelle.