Le patron de la diplomatie algérienne s'est prononcé hier à Oran pour une traque sans pitié des trafiquants de drogue et pour une généralisation de la prohibition du paiement des rançons. L'Algérie est particulièrement exposée aux dégâts que peut provoquer le trafic de drogue. Le Maroc premier producteur mondial de cannabis, en déverse régulièrement des tonnes sur son territoire. Plus de 55 tonnes de résine de cannabis y ont été répandues durant les cinq premiers mois de l'année 2015. «Au total 55.800 425 kg de résine de cannabis ont été saisis durant les cinq premiers mois de l'année en cours, dont 64,68% au niveau de la région ouest du pays», avait indiqué dans un rapport rendu public au mois d'août dernier l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt). «La production de haschisch est en sensible hausse d'année en année au Maroc, le plus grand fournisseur de résine de cannabis dans le monde», avait souligné de son côté le Rapport annuel de l'Office des Nations unies sur la drogue et le crime (Onudc) pour l'année 2015. Conséquence: les groupes terroristes qui ont fait de la région un de leur terrain favori tirent de cette activité l'essentiel de leurs revenus. La tenue du 3ème séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique qui se tient dans la capitale de l'Ouest du pays, ne pouvait pas mieux tomber pour donner à nouveau l'alerte sur les risques que recèle ce fléau. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale n'a pas raté cette occasion sans toutefois citer directement notre voisin de l'Ouest. En diplomatie, il y a l'art et la manière. C'est à quoi s'est attelé le patron de la diplomatie algérienne qui derechef entre dans le vif du sujet. Le discours est incisif. Sans concessions. «A travers les ressources financières rendues possibles par le trafic de drogue et les rançons obtenues suite à des prises d'otages, les terroristes ont renforcé leurs capacités et étendu leurs sphères d'action», a souligné le ministre à l'ouverture du 3ème séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique. Quel est leur théâtre d'opération et quels types de dangers représentent-ils? «La persistance de foyers de tension ou d'instabilité dans notre continent, particulièrement en Libye et dans le Sahel, affecte notre sécurité et crée les conditions propices pour l'incursion des groupes terroristes», a-t-il indiqué. Comment les contrer? «Aussi, tout en renforçant notre coopération multiforme, aux niveaux bilatéral, régional et international, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, nous devons oeuvrer à éliminer les conditions et les facteurs qui, s'ils ne créent pas le terrorisme, contribuent amplement à sa propagation et à son renforcement», a recommandé le chef de la diplomatie algérienne. «Nous devons également aiguiser nos outils et moderniser nos moyens et adapter continuellement notre discours et notre démarche», a conseillé M.Lamamra qui a tenu à privilégier la prévention et le règlement des conflits «quelle que soit leur origine ou leur justification». «Des Etats stables, des sociétés apaisées et une gouvernance efficiente sont les meilleurs remparts contre la radicalisation d'une jeunesse souvent désoeuvrée qui alimente les troupes des groupes terroristes», a-t-il fait remarquer. Le ministre a ensuite plaidé pour: «le lancement de programmes de sensibilisation et d'éducation contribuera à l'élimination du discours radical de nos écoles de nos lieux religieux et de l'espace public de manière générale» tout en jugeant que «la mise en place d'une politique de développement économique favorisant la promotion sociale des jeunes en fera des acteurs du changement et ne manquera pas de les immuniser contre le discours radical et toutes les formes de l'extrémisme violent».