La Libye continuera à présider l'Union du Maghreb arabe (UMA), dans une conjoncture empreinte de confusion et surtout d'incertitudes. Opportuniste et versatile à souhait, le dirigeant libyen vient de surseoir à sa décision de se retirer de la présidence de l'UMA. Une «tradition» à laquelle Kadhafi nous a habitués, depuis son retrait du dernier sommet arabe de Tunis et, bien avant, de celui de Beyrouth. Le trublion du Maghreb, dont le pays vient de sortir d'un terrible embargo, fait désormais tout pour satisfaire ses anciens ennemis, devenus subitement fréquentables à la faveur du démantèlement par Tripoli de son arsenal nucléaire. Désormais, les slogans hostiles aux Etats-Unis, placardés dans les artères des grandes villes libyennes, tel «Toz fi America» ont laissé place à des mots d'ordre élogieux. Revirement de situation. Le dirigeant libyen est devenu un enfant de choeur aux yeux de la communauté internationale, notamment de l'Occident qui continue à dépêcher des délégations de haut niveau. La dernière visite en date est celle qu'effectue depuis hier, en Libye le Premier ministre canadien, Paul Martin. Par ailleurs, la réunion extraordinaire des chefs de la diplomatie de l'UMA n'a été en réalité qu'un prétexte pour rencontrer le guide de la Révolution libyenne. «Le dirigeant libyen a accepté de suspendre sa décision d'abandonner la présidence de l'organisation», indique un communiqué de l'UMA, rendu public, hier, à l'issue de l'audience accordée par le dirigeant libyen aux ministres maghrébins des Affaires étrangères. L'entretien a porté sur le «parcours de l'Union maghrébine et les défis auxquels elle est confrontée», indique le même communiqué. Ainsi, la Libye continuera à présider l'Union du Maghreb arabe (UMA), dans une conjoncture empreinte de confusions et surtout d'incertitudes quant au devenir de cette organisation régionale. Un regroupement régional confronté à toutes sortes de blocages, notamment de la part du Maroc et de la Libye. A noter que les ministres des Affaires étrangères de l'Union, réunis, samedi, à huis clos, dans la capitale libyenne, avaient demandé au colonel Maâmar Kadhafi de revenir sur sa décision d'abandonner la présidence de l'organisation, annoncée le 8 décembre. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'UMA ont examiné, lors de leur réunion, «la situation de l'Union à la lumière des développements que connaît la région et des résultats de la réunion du comité de suivi tenue à Rabat», note le communiqué de l'UMA. La rencontre s'est tenue en présence de M.Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, et de ses homologues libyen Abderrahmane Chalgham, marocain Mohamed Benaissa, tunisien Abdelbaki Hermassi, et le secrétaire d'Etat mauritanien chargé des Affaires de l'UMA, Abdelkader Ould M'Hamed. L'objectif de M.Kadhafi, à travers sa dernière «sortie», à savoir celui de jauger sa cote de popularité et sa crédibilité auprès des autres dirigeants maghrébins, aura été ainsi atteint. Au cours de leur réunion de samedi dernier, les ministres des Affaires étrangères de l'UMA ont mis l'accent sur la nécessité de respecter la charte de l'Union. Une problématique à l'origine de l'annonce par la Libye, le 8 décembre en cours, de son retrait de la présidence de l'UMA, considérant que la charte de l'organisation a été violée par certains pays membres.