La décision de Riyadh de rompre ses relations avec l'Iran a été suivie par Bahreïn, le Soudan, Djibouti puis la Somalie jeudi. L'Iran était un des rares pays à disposer d'une ambassade à Mogadiscio. De nouvelles manifestations ont débuté en Iran après la prière du vendredi pour protester contre l'exécution par l'Arabie saoudite du dignitaire chiite saoudien Nimr al-Nimr, alors que la tension entre Téhéran et Ryad, les deux grands rivaux du Moyen-Orient, reste forte. Environ un millier de manifestants ont défilé à Téhéran au cri de «mort aux al-Saoud» (famille régnante saoudienne), «mort à l'Amérique» et «mort à Israël». Certains portaient des photos du cheikh Nimr. Des manifestations identiques se sont déroulées dans de nombreuses villes du pays, selon la télévision d'Etat. Un peu plus tôt, l'imam de prière de Téhéran a fustigé l'Arabie saoudite dans un prêche devant des pèlerins. «Dans tous les crimes commis contre les musulmans, il y a trois piliers: les Etats-Unis, le régime sioniste et l'Arabie saoudite», a déclaré l'ayatollah Mohammad Kashani, selon l'agence Irna. «Le régime sioniste planifie, les Etats-Unis soutiennent et l'Arabie saoudite fournit l'argent nécessaire», a déclaré l'ayatollah Mohammad Kashani. Ces manifestations interviennent alors que l'Iran a accusé jeudi l'aviation saoudienne d'avoir bombardé son ambassade au Yémen. «Lors d'une attaque aérienne de l'Arabie saoudite contre Sanaa, une roquette est tombée à proximité de notre ambassade et malheureusement, un de nos gardes a été grièvement blessé (...). Nous allons informer d'ici quelques heures le Conseil de sécurité des détails de cette attaque», avait déclaré jeudi soir le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian. La coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite au Yémen a démenti ces accusation en affirmant qu'elle «n'a mené aucune opération dans l'enceinte de l'ambassade iranienne ou dans ses environs». Cette coalition intervient au Yémen en soutien au président yéménite Mansour Abd Rabbo Mansour Hadi contre des rebelles chiites accusés de liens avec l'Iran. Ces derniers contrôlent la capitale yéménite. Déjà tendues, les relations entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite ont dégénéré en crise ouverte début janvier. Ces tensions entre les deux poids lourds de la région qui s'opposent depuis des années sur de nombreux dossiers, de l'Irak au Liban en passant par les guerres au Yémen et en Syrie, inquiètent la communauté internationale qui a appelé à l'apaisement. Riyadh a rompu dimanche ses relations avec l'Iran à la suite de l'attaque de ses missions diplomatiques samedi à Téhéran et à Machhad par des manifestants en colère qui protestaient contre l'exécution du dignitaire religieux Nimr. L'exécution de cet opposant au régime de Riyadh a provoqué l'indignation au sein des communautés chiites dans plusieurs pays de la région.Le gouvernement iranien a condamné l'attaque de l'ambassade et du consulat saoudiens et plus de 40 personnes ont été arrêtées mais ceci n'a pas suffi pour calmer la colère de l'Arabie saoudite. La décision de Ryad de rompre ses relations avec l'Iran a été suivie par Bahreïn, le Soudan, Djibouti puis la Somalie jeudi. L'Iran était un des rares pays à disposer d'une ambassade à Mogadiscio. Les Emirats arabes unis ont eux réduit leurs relations diplomatiques avec Téhéran tandis que le Koweït et le Qatar ont rappelé leur ambassadeur en Iran. La Turquie a également convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre des articles de presse contre le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a refusé de condamner l'exécution par Riyad du dignitaire chiite. Jeudi, Téhéran a également annoncé l'interdiction de l'entrée de tous les produits saoudiens ou en transit par l'Arabie saoudite. Les relations commerciales entre les deux pays sont très limitées, à moins de 200 millions de dollars (environ 184 millions d'euros) par an. Riyad avait déjà rompu ses relations commerciales et interdit tous les vols entre les deux pays. Téhéran a également maintenu l'interdiction du petit pèlerinage à la Mecque (omra), auquel se rendaient d'habitude quelque 500.00 pèlerins iraniens et parfois jusqu'à 850.000 personnes. Les pèlerins iraniens dépensaient entre un et deux milliards de dollars (920 millions et 1,84 milliard d'euros) en Arabie et leur absence pourrait constituer une perte financière pour Riyad. Les tensions entre Téhéran et Riyad ont encore affecté les cours du pétrole, qui ne cessent de dégringoler.