«Nous formons la majorité, nous sommes les plus légitimes pour porter à bras-le-corps la réconciliation nationale.» C'est une véritable épreuve de force qu'a engagée Belkhadem qui veut désormais passer à la vitesse supérieure. Lors d'une conférence de presse en marge de la rencontre du conseil de coordination organisée à l'hôtel Riad de Sidi Fredj en présence des parlementaires des deux chambres, des cadres, des représentants de la commission nationale de préparation du congrès ainsi que des membres du comité central issu du septième congrès, il a annoncé la tenue du congrès coûte que coûte avant le 31 janvier en dépit des résistances. Il semblerait que la réconciliation nationale dicte l'urgence de tenir le 8e congrès de crainte que le parti d'Ouyahia s'empare du projet. C'est sans doute la peur d'être pris de court par la deuxième formation du pays qui fait des pieds et des mains pour se placer comme l'alliée du président. C'est ce qui ressort en substance des propos du chef de la diplomatie qui a remis sa casquette de militant pur et dur pour l'occasion «Nous formons la majorité, a-t-il précisé à qui voulait l'entendre, nous sommes les plus légitimes pour porter à bras-le-corps la réconciliation nationale. C'est d'ailleurs notre parti, a -t-il rappelé, qui a le premier appelé à en faire un cheval de bataille quand d'autres la décriaient et la considéraient comme une infamie» (allusion faite au RND qui a pris son bâton de pèlerin pour faire campagne pour le projet). Il a insisté sur le statut en phase d'élaboration et qui devra définir les modalités d'élection des congressistes. «Un texte afin, a-t-il expliqué, d'éviter les dépassements. Aucun élément ne justifiant pas sa légitimité ne sera toléré ni autorisé à faire partie des futurs congressistes». La conférence de presse ne s'est pas déroulée dans la sérénité. Belkhadem a été conspué par certains cadres qui n'acceptaient pas de le voir assis à la tribune côte à côte avec Abada et Goudjil. Belkhadem a fait la sourde oreille au chahut de deux ministres Amar Tou et Tayeb Louh, qui criaient à la trahison avec certains militants redresseurs. «Le FLN nous unit, a-t-il martelé pour les contraindre à observer le silence. Nous devons nous concerter sans recourir à l'insulte et l'affront. Nous n'acceptons de personne qu'il nous impose son point de vue». Dans le sillage, il a justifié les reports successifs par des problèmes purement techniques. Il a déclaré que la semaine sera une étape cruciale. C'est celle de l'élection de 2500 congressistes qui devront choisir la nouvelle direction qui va prendre les rênes du parti et le faire entrer dans la légalité. La rencontre qu'on qualifie dans les coulisses «de démonstration de force de Belkhadem» a été émaillée par une riposte des redresseurs qui ont tenté de faire capoter la réunion qui s'est quand même tenue sans incident. Les commissions chargées d'élaborer les textes relatifs au statut, au règlement intérieur, à la motion de politique générale, au programme économique et au 50e anniversaire du déclenchement de la révolution étaient à pied d'oeuvre. La réunion a regroupé pas moins de 450 membres. Des parlementaires totalement acquis à la démarche unificatrice du coordinateur national du parti. Ces derniers ont subi l'ire des redresseurs qui ont boycotté la plénière, en essayant en vain de semer la pagaille. Retranchés à l'extérieur de la salle de conférence, ils formaient des groupuscules épars et tenaient des conciliabules aux desseins bien connus. Certains fulminaient et appelaient au «lynchage» des légalistes qui constituaient la plupart des participants de la rencontre. «Faisons-les sortir dehors», s'écriait à tue-tête un militant sur le qui-vive. S'adressant à Si Affif qui affichait une certaine assurance: «Vous auriez dû me laisser ameuter les 3000 militants pour cesser cette mascarade», s'était-il insurgé. Quant à Si Affif, il a considéré la rencontre comme un non-événement. «Nous avons un jugement de la justice en notre faveur nous l'utiliserons s'il le faut», nous a-t-il déclaré. «Le congrès, a-t-il ajouté, ne se fera pas sans nous.» Belkhadem s'exerce à une périlleuse gymnastique qui consiste à colmater les brèches et à rassembler les frères ennemis. Chose qui paraît de prime abord difficile à réaliser vu l'extrémisme et le radicalisme dans les positions dont font preuve certaines figures de la formation. Cependant ce qui est sûr c'est qu'avec le soutien de la majorité parlementaire et des cadres du parti, il a toutes les chances d'y arriver.