L'artiste Mohamed Daha Ils étaient nombreux à descendre dans la rue jeudi, unis dans l'amour du langage de la musique, pour dire stop à la hogra et aux injustices... Ils étaient près d'une centaine à avoir répondu présent samedi dernier à l'appel de solidarité du jeune guitariste Mohamed Daha, arrêté par la police jeudi à la place Audin. Alerté par cette information, un cinéaste Yanis Koussim, décide de lancer une page Facebook appelant les gens et notamment les artistes et enfants à venir en masse soutenir ce jeune garçon et partant à jouer de la musique s'ils le voulaient, bref à reprendre les rênes de l'espace public, censé appartenir à tous... et ainsi répandre de la joie et de l'animation et dire «Stop!» à l'intimidation! Et bonne nouvelle, cette initiale fut une totale réussite puisque de nombreux artistes, connus et moins connus et autres anonymes, tous assoiffés, de culture et d'évasions, se sont tous donné le mot pour se retrouver à 14h à la place Audin et marquer leur ferme opposion à la hogra, l'injustice et à la discrimination. Ils étaient beaux, inspirants, voire insolents, joyeux lurons insouciants, chantant la vie et l'amour de vivre. Une belle gifle contre les tenants du «ehchem et tais-toi!». Good Noise, Amel Zen, et plein d'autres se sont mis à chanter spontanément et les autres de les suivre et d'applaudir comme dans une cour de recréation. Un fait somme toute des plus banals de ces banalités qui prennent souvent hélas, chez nous, des proportions énormes car oui, jamais le bien et le mal ne s'étaient aussi disputés, affrontés en duel que ces dernières années en Algérie, faisant perdre la boussole à beaucoup d'Algériens, poussant un grand nombre d'entre eux à se réfugier dans la bigoterie et le conservatisme stérile dont le germe de la cause est connu par tous. Sur la Toile, beaucoup se sont indignés contre la lâcheté de cet acte qui a jeté un pauvre innocent en prison alors que les voleurs agresseurs et autres racketteurs (les parkingeurs notamment) courent toujours les rues en toute quiétude. N'en déplaise aux sceptiques, une ambiance festive a régné samedi après-midi à Alger. La joie a envahi la capitale et enivré les belles âmes dans un esprit de liesse. La musique a été célébrée grandement avec intelligence, résistance, loin de l'ignorance et l'obscurantisme que veulent nous imposer certains. Car comment expliquer estiment certains, qu'on puisse laisser des prêcheurs malveillants occuper l'espace public pour appeler à la haine et à la vindicte tout en empêchant un jeune qui tente de donner un soupçon de bonheur aux passants par le seul fait d'arme qu'il tient une guitare à la main? Contre toute attente en tout cas, cette journée sera marquée d'une pierre blanche car M.Bettache Abdelhakim, président de l'Assemblée populaire communale d'Alger-Centre, a sans plus tarder, laissé un communiqué sur sa page Facebook, le jour-même, invitant l'ensemble des musiciens, et «ce, dans le cadre du respect des lois de la République à jouer dans la rue» les appelant à se rapprocher de lui afin qu'il leur soit délivré des autorisations pour pouvoir exercer leur métier d'artistes respectifs dans les rues d'Alger. Sur Facebook, ces quelques mots écrits par un militant chevronné à propos de l'embarquement du jeune musicien par la police: «Au même moment, les partisans de l'intégrisme, les promoteurs de Daesh et les fossoyeurs de l'Algérie ont pignon sur rue et prêchent leur haine quotidiennement, librement jusqu'à habiter certains médias. En Algérie, certains préfèrent cultiver les maux et la haine plutôt que de laisser s'exprimer et se développer les remèdes au désespoir.» Que rajouter de plus? Loin de nous de tomber dans le défaitisme stérile mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Combien d'autres libertés devrions-nous arracher encore? Cependant, croire est la clé qui mène à tout et ces jeunes qui se sont rassemblés en masse l'ont bien compris. Ceci n'est que le début. Le combat continue.