Décidément, Bush n'est pas au bout de sa peine en matière de scandales qui lui éclatent à la figure. Dans un témoignage inédit et fracassant livré dans les colonnes du journal égyptien El-Ousboue, l'avocat irakien de Saddam Hussein, Khalil Dlimi, dément de bout en bout la version américaine relative à l'interpellation du président déchu. Une version qui a cherché à le « dénigrer » et à le « rabaisser » aux yeux du monde et de son peuple. L'avocat raconte avoir été transféré au lieu secret de détention de Saddam dans un véhicule blindé ne lui permettant pas de voir la route, avant de passer par une sorte de long tunnel large de quelques dizaines de mètres à peine. Une fois avec lui, l'avocat raconte que Saddam a commenté la version américaine en disant que «ces derniers sont des champions de la mystification. Ils n'ont donc trouvé aucun mal à faire semblant de m'humilier afin de dire à mon peuple voici le président que vous vénériez». Et d'y aller de sa propre version des faits. «Je me trouvais dans la maison d'un ami de confiance située à Salah Eddine. Le soleil commençait à baisser. Je lisais le Coran avant de me lever pour faire ma prière. Brusquement, je me suis retrouvé encerclé par les soldats américains», raconte-t-il. Saddam, qui justifie donc la facilité avec laquelle il a été capturé, précise que sa garde personnelle n'était pas avec lui alors que ses armes à lui étaient loin, puisqu'il était en train de faire la prière. Celui qui souligne avec force avoir voulu se battre jusqu'à la mort pour peu qu'il ait eu une arme entre les mains, ajoute avoir été «enlevé» puis transféré vers un endroit secret avant d'être «torturé bestialement pendant les deux jours qui ont suivi (sa) capture». Saddam, qui nie ostensiblement s'être réfugié quelques jours dans un trou, comme un rat, ajoute ne pas savoir ce qui s'est passé, ni comment il a été filmé puisque, dit-il : «J'ai été drogué et je ne me souviens plus de rien.» Pour ce qui est de la résistance, qui fait suer sang et eau les Américains, Saddam, qui semble en connaître quelque chose, indique qu' «elle s'est très bien préparée bien avant l'invasion de l'Irak». Cette révélation explique en grande partie pourquoi elle reste aussi virulente et aussi bien armée une année après la prise totale de ce pays et la mise sous contrôle de l'ensemble de ses territoires. Mieux, Saddam raconte même avoir réuni son «état-major» deux jours après la chute de Bagdad, le 11 avril 2003, pour entamer la seconde page de la résistance, la plus importante et la plus forte en somme, puisqu'il était impossible de résister aux assauts américains dans une guerre classique, d'autant que l'Oncle Sam, comme il l'a prouvé par le passé, aurait eu recours à des armements non conventionnels, quitte à ce que des centaines de milliers de civils en pâtissent. Trahi, avant d'être humilié, Saddam n'en comptait pas se défendre un peu mieux, n'était «la trahison interne qui a permis que Bagdad tombât tel un fruit mûr sans la moindre résistance». Saddam, qui a de tout temps mis le paquet pour dispenser une formation de très haut niveau aux troupes dont il a la confiance, se déclare même convaincu que «l'écrasante majorité des résistants sont d'anciens officiers et hommes de troupe de l'armée irakienne, notamment sa fameuse Garde républicaine». Il n'empêche que cette thèse tranche avec le fait que ce sont plutôt les hommes de Zarqaoui qui tiennent désormais le haut du pavé alors que chacun sait qu'ils sont plutôt proches d'Al Qaîda, une organisation que le Baâth de Saddam déteste autant que les «ennemis» américain et sioniste. Interrogé longuement par les services secrets américains, Saddam se serait montré inflexible en refusant de faire la moindre révélation sur ses anciens hommes de confiance, actuellement leaders de la résistance. Pour ce qui est de la lutte contre cette dernière, il se serait juste contenté de dire à ses geôliers que « pour en venir à bout il faudrait emprisonner tout le peuple irakien». Optimiste plus que de raison, du fin fond de sa cellule, Saddam est allé jusqu'à mettre en avant sa conviction «que la victoire est bien plus proche que ne le croient beaucoup». Revenant enfin sur la fameuse attaque chimique contre le peuple kurde à la fin de la guerre entre l'Irak et l'Iran, laquelle attaque constitue le principal élément retenu contre lui pour son jugement, Saddam nie catégoriquement que son pays ait été derrière ce crime, accusant ouvertement Téhéran, ajoutant même l'existence de documents prouvant amplement ces dires. Comme nous ne sommes pas au bout des révélations, et comme il est apparu évident aux yeux de tous que les véritables raisons de l'invasion de l'Irak concernent son pétrole ainsi que les dangers que faisait peser Bagdad sur Israël, Saddam révèle que des contacts secrets ont eu lieu avec Washington après la première guerre du Golfe pour tenter d'amener Saddam à reconnaître Israël, en contrepartie de la levée de l'embargo dont ce pays a été la victime pendant plus de dix ans, causant la mort de dizaines de milliers d'enfants au vu et au su de toute la planète.