Les citoyens se sont rassemblés sur une placette qui porte le nom d'une autre victime de l'obscurantisme islamiste, Saïd Mekbel en l'occurrence. Cela fait exactement 21 ans! Mais, c'est comme si était hier tellement la plaie est si profonde qu'elle ne s'est pas encore refermée. Pour que nul n'oublie justement, ses amis, ses camarades de lutte, sa famille étaient au rendez-vous ce lundi 15 février pour veiller à la mémoire de cette femme courageuse belle et rebelle. Ils se sont rassemblés sur une placette qui porte le nom d'une autre victime de l'obscurantisme islamiste, Saïd Mekbel en l'occurrence. Elle a donné sa vie, comme plusieurs militants qui ont sacrifié leur jeunesse, qui ont fait don de leur corps et de leur âme pour que ce peuple et ce pays vivent debout. Ses parents qui lui ont enseigné l'ouverture d'esprit en la mettant en contact avec le monde militant dès son jeune âge, sont tous les deux morts de tristesse quelque temps après leur fille Présidente de l'association féminine «Tighri Ntmettouth», fondée à Tizi ouzou avec son cercle étudiant, Nabila Djahnine est assassinée dans la matinée du mercredi 15 février 1995. Elle avait 29 ans. Elle est issue d'une famille populaire et militante de Béjaïa. Elle épouse le militantisme dès son jeune âge. Lycéenne, elle était dirigeante de la coordination des lycéens de Béjaïa. Avec ses camarades elle menait plusieurs actions de grève et de protestation. Elle se radicalise très vite une fois étudiante à Tizi Ouzou quand la vague obscurantiste qui submerge le pays menace d'emprisonner la vie des hommes et femmes libres, notamment des jeunes femmes. elle contribue à la fondation du Syndicat national des étudiants algériens autonome et démocratique (Snea-AD) qui s'était constitué après la grande grève générale de 1987. Elle a participé activement au deuxième séminaire du Mouvement culturel berbère, en 1989, d'où a émergé le MCB comme acteur essentiel de l'ouverture politique et du combat démocratique sur le plan politique, elle était militante active du PST, élue à la direction du parti en 1991 avant de se retirer en 1992 pour se consacrer à son activité féministe locale et à son travail d'architecte. Pour Soraya, sa soeur aînée, présente hier au rassemblement, la plaie reste toujours ouverte et le deuil ne risque pas de se faire «Nabila, à l'instar de beaucoup d'autres militantes et militants démocrates ont donné leur vie, ont sacrifié leur jeunesse pour que l'Algérie ne sombre pas dans l'obscurantisme. Comme peut-on oublier? J'y pense chaque jour même, étant donné que son lâche assassinat nous a scié les jambes sur tous les plans. Aujourd'hui il ne faut pas juste pleurer Nabila, la meilleure manière de lui rendre hommage c'est de continuer son combat», a déclaré Soraya Djahnine, la femme d'un autre grand militant, Mokrane Aggoune, qui a déclaré à son tour «on a tué Nabila certes, en croyant mettre un terme à son combat pour l'émancipation des femmes, pour la démocratie et les libertés sous toutes leurs formes, beaucoup d'autres Nabila sont nées, dont une qui porte son nom et prénom, qui n'est autre que sa nièce, qui est bien partie sur ses traces». Wissem Zizi, cette jeune militante du PST, activiste à souhait, était aussi au rendez-vous comme chaque année «je n'ai pas connu Nabila en personne, mais je connais son combat de fond en comble. Elle est pour notre génération un repère en matière de lutte et de combat. Il est de notre devoir de continuer son combat pour que son sacrifice ne soit pas vain». La prise de parole a été clôturée par l'autre militant et dirigeant du PST Kamel Aïssat en l'occurrence, qui a appelé les jeunes notamment à investir le monde du combat pour la lutte en faveur d'un Etat de droit et social «aujourd'hui il est de notre devoir de s'inscrire dans la trajectoire de cette famille combative, la famille Djahnine. Nous sommes tous appelés à enseigner à nos enfants l'ouverture d'esprit et initier nos enfants au combat pour les causes justes comme l'ont fait les parents de Nabila à leurs enfants».