Le président François Hollande souhaite associer les Algériens au défilé du 14 Juillet à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre. Tollé de part et d'autre de la Méditerranée. "Le sang fut versé des deux côtés, même si ce fut de manière inégale. Le président François Hollande souhaite associer les Algériens au défilé du 14 Juillet à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre. Tollé de part et d'autre de la Méditerranée. "Le sang fut versé des deux côtés, même si ce fut de manière inégale. Mais un mort est toujours un mort, et il faudra bien qu'un jour nous arrivions, entre Français et Algériens, à saluer ensemble, dans un même respect des vies perdues, les morts causés de part et d'autre par la guerre algérienne de libération nationale. Cela est difficile, car le souvenir est encore brûlant..." C'est en ces termes que, le 16 juin 2000, à l'Ossuaire de Douaumont, à Verdun, devant le carré musulman qui abrite 592 tombes de tirailleurs algériens morts lors de la Première Guerre mondiale, Abdelaziz Bouteflika a évoqué l'autre guerre, celle déclenchée en 1954, qui débouchera sur l'indépendance de l'Algérie en juillet 1962. Quatorze ans après cet historique recueillement d'un président algérien dans un cimetière de France, le "souvenir" semble toujours aussi brûlant. À preuve, la polémique provoquée par l'invitation qu'a adressée le président François Hollande à l'Algérie pour participer au défilé du 14 juillet 2014 sur les Champs-Elysées à l'occasion du centenaire du premier conflit mondial. Loin d'être cicatrisées, les blessures de l'Histoire continuent d'empoisonner les relations entre Algériens et Français, au point de les empêcher d'honorer ensemble les milliers d'hommes tombés au cours des batailles de Verdun, du Chemin des Dames ou de la Marne. L'idée de convier l'Algérie à prendre part à la fête nationale française n'est pas nouvelle. Alors qu'il était en poste à Alger, l'exambassadeur Xavier Driencourt avait suggéré, en 2010, au président Nicolas Sarkozy d'inviter l'armée algérienne à participer au traditionnel défilé du 14 Juillet, en 2012, qui coïncidait cette année-là avec le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Mais les craintes de Sarkozy de voir l'extrême droite en faire un thème de campagne lors de la présidentielle de 2012 ont vite refroidi les ardeurs du diplomate. Quatre ans plus tard, l'idée refait surface, mais pour une autre cause. Pour célébrer en grande pompe le centenaire de la Grande Guerre, François Hollande a ainsi invité les quatre-vingts pays belligérants à marquer symboliquement l'entrée dans le cycle des commémorations et "délivrer un message universel de paix et d'amitié qui témoigne de l'effort de réconciliation accompli depuis un siècle". Ancienne colonie française, l'Algérie a payé un lourd tribut à la Première Guerre mondiale. Enrôlés de force ou engagés volontaires, des dizaines de milliers d'Algériens ont participé aux combats contre les Allemands. Cet effort de guerre ne se limitait pas aux champs de bataille. Pour pallier l'absence de main-d'oeuvre française partie au front, quelque 120 000 Algériens ont pris le chemin de l'exil pour travailler dans les usines de la métropole, inaugurant ainsi la première grande vague d'immigration algérienne en France. La participation de l'Algérie aux commémorations est d'autant plus importante que le Président français, insiste-t-on à Paris, souhaite "promouvoir une mémoire partagée et apaisée". Quand, il y a quelques mois, François Hollande adressa son invitation au gouvernement algérien, celui-ci s'était montré plutôt favorable. "La République algérienne a donné une réponse positive", par la voix de son MAE, Ramtane Lamara, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, est même revenu de son séjour algérois en mai avec les assurances qu'une délégation algérienne sera bel et bien présente le 14 juillet dans la capitale française. Verra-t-on, pour la première fois de l'histoire tumultueuse des deux nations, des fantassins de l'Armée nationale populaire (ANP) parader sur les Champs-Elysées avec le drapeau vert, rouge et blanc, aux côtés de soldats français, marocains, allemands, malgaches ou sénégalais ? Silence radio à Alger. Embarrassées, les autorités se gardent d'émettre le moindre commentaire. À dire vrai, ce 14 juillet, il y aura tout juste trois militaires, dont les grades n'ont pas été spécifiés, flanqués de quatre jeunes arborant l'emblème national, à l'instar de quatre-vingts autres délégations, à une cérémonie sur la place de la Concorde. "Souvenir brûlant", disait Bouteflika à Verdun. A Alger "la famille révolutionnaire" s'y oppose pour d'autres motifs. L'ancien ministre et patron de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), qui regroupe les anciens combattants de la guerre de Libération nationale, Saïd Abadou monte au créneau. "L'Organisation des moudjahidine et la génération de Novembre refusent catégoriquement la participation de nos soldats. Le sujet ne doit même pas être abordé tant que la question de la criminalisation du colonialisme n'aura pas été réglée" Certes, les relations entre les deux pays se sont apaisées depuis la visite de Hollande à Alger en décembre 2012 et son fameux discours devant le Parlement, dans lequel il reconnaissait "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien". Certes aussi, les générations post-indépendance ne se sentent guère concernées par cet épisode douloureux. Mais le poids de l'histoire commune, les traumatismes générés par le colonialisme et la puissance du lobby que constitue la "famille révolutionnaire" font qu'un simple défilé symbolique sur les Champs-Elysées, ce lundi 14 juillet 2014, devient, de part et d'autre, un sujet de controverse. "Souvenir brûlant", disait Bouteflika à Verdun. Mais un mort est toujours un mort, et il faudra bien qu'un jour nous arrivions, entre Français et Algériens, à saluer ensemble, dans un même respect des vies perdues, les morts causés de part et d'autre par la guerre algérienne de libération nationale. Cela est difficile, car le souvenir est encore brûlant..." C'est en ces termes que, le 16 juin 2000, à l'Ossuaire de Douaumont, à Verdun, devant le carré musulman qui abrite 592 tombes de tirailleurs algériens morts lors de la Première Guerre mondiale, Abdelaziz Bouteflika a évoqué l'autre guerre, celle déclenchée en 1954, qui débouchera sur l'indépendance de l'Algérie en juillet 1962. Quatorze ans après cet historique recueillement d'un président algérien dans un cimetière de France, le "souvenir" semble toujours aussi brûlant. À preuve, la polémique provoquée par l'invitation qu'a adressée le président François Hollande à l'Algérie pour participer au défilé du 14 juillet 2014 sur les Champs-Elysées à l'occasion du centenaire du premier conflit mondial. Loin d'être cicatrisées, les blessures de l'Histoire continuent d'empoisonner les relations entre Algériens et Français, au point de les empêcher d'honorer ensemble les milliers d'hommes tombés au cours des batailles de Verdun, du Chemin des Dames ou de la Marne. L'idée de convier l'Algérie à prendre part à la fête nationale française n'est pas nouvelle. Alors qu'il était en poste à Alger, l'exambassadeur Xavier Driencourt avait suggéré, en 2010, au président Nicolas Sarkozy d'inviter l'armée algérienne à participer au traditionnel défilé du 14 Juillet, en 2012, qui coïncidait cette année-là avec le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Mais les craintes de Sarkozy de voir l'extrême droite en faire un thème de campagne lors de la présidentielle de 2012 ont vite refroidi les ardeurs du diplomate. Quatre ans plus tard, l'idée refait surface, mais pour une autre cause. Pour célébrer en grande pompe le centenaire de la Grande Guerre, François Hollande a ainsi invité les quatre-vingts pays belligérants à marquer symboliquement l'entrée dans le cycle des commémorations et "délivrer un message universel de paix et d'amitié qui témoigne de l'effort de réconciliation accompli depuis un siècle". Ancienne colonie française, l'Algérie a payé un lourd tribut à la Première Guerre mondiale. Enrôlés de force ou engagés volontaires, des dizaines de milliers d'Algériens ont participé aux combats contre les Allemands. Cet effort de guerre ne se limitait pas aux champs de bataille. Pour pallier l'absence de main-d'oeuvre française partie au front, quelque 120 000 Algériens ont pris le chemin de l'exil pour travailler dans les usines de la métropole, inaugurant ainsi la première grande vague d'immigration algérienne en France. La participation de l'Algérie aux commémorations est d'autant plus importante que le Président français, insiste-t-on à Paris, souhaite "promouvoir une mémoire partagée et apaisée". Quand, il y a quelques mois, François Hollande adressa son invitation au gouvernement algérien, celui-ci s'était montré plutôt favorable. "La République algérienne a donné une réponse positive", par la voix de son MAE, Ramtane Lamara, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, est même revenu de son séjour algérois en mai avec les assurances qu'une délégation algérienne sera bel et bien présente le 14 juillet dans la capitale française. Verra-t-on, pour la première fois de l'histoire tumultueuse des deux nations, des fantassins de l'Armée nationale populaire (ANP) parader sur les Champs-Elysées avec le drapeau vert, rouge et blanc, aux côtés de soldats français, marocains, allemands, malgaches ou sénégalais ? Silence radio à Alger. Embarrassées, les autorités se gardent d'émettre le moindre commentaire. À dire vrai, ce 14 juillet, il y aura tout juste trois militaires, dont les grades n'ont pas été spécifiés, flanqués de quatre jeunes arborant l'emblème national, à l'instar de quatre-vingts autres délégations, à une cérémonie sur la place de la Concorde. "Souvenir brûlant", disait Bouteflika à Verdun. A Alger "la famille révolutionnaire" s'y oppose pour d'autres motifs. L'ancien ministre et patron de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), qui regroupe les anciens combattants de la guerre de Libération nationale, Saïd Abadou monte au créneau. "L'Organisation des moudjahidine et la génération de Novembre refusent catégoriquement la participation de nos soldats. Le sujet ne doit même pas être abordé tant que la question de la criminalisation du colonialisme n'aura pas été réglée" Certes, les relations entre les deux pays se sont apaisées depuis la visite de Hollande à Alger en décembre 2012 et son fameux discours devant le Parlement, dans lequel il reconnaissait "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien". Certes aussi, les générations post-indépendance ne se sentent guère concernées par cet épisode douloureux. Mais le poids de l'histoire commune, les traumatismes générés par le colonialisme et la puissance du lobby que constitue la "famille révolutionnaire" font qu'un simple défilé symbolique sur les Champs-Elysées, ce lundi 14 juillet 2014, devient, de part et d'autre, un sujet de controverse. "Souvenir brûlant", disait Bouteflika à Verdun.