Une vingtaine de chefs d'Etat africains ont assisté à la signature de la fin des hostilités au Soudan. L'honneur de la signature de l'accord de paix intersoudanais est revenu aux deux hommes qui ont, durant deux ans, négocié durement pour parvenir à un consensus sur le processus de paix au sud-Soudan, le vice-président Ali Osmane Taha et le chef de la rébellion sudiste, John Garang. Ce protocole d'accord met fin à la plus longue guerre qu'ait connu l'Afrique moderne, commencée en 1983 et officiellement terminée le 9 janvier 2005 par la signature du traité de paix. C'est dans la capitale kenyane, Nairobi, qu'eut lieu hier la cérémonie officielle de signature en présence d'une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains, dont le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et de représentants de la communauté internationale, dont le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Dans le Nyayo Stadium de Nairobi, réquisitionné pour la circonstance, c'est le général à la retraite kenyan, Lazaro Sumbeiyo, qui dirigea la médiation et suivi toutes les étapes des négociations entre les deux parties soudanaises, qui ouvrit les cérémonies de signature par un discours dans lequel il félicita les parties soudanaises dans leur effort de parvenir à la paix, indiquant: «Je félicite les délégués du gouvernement du Soudan et de la Spla, ainsi que l'ensemble du peuple soudanais, pour avoir choisi la paix», soulignant: «L'accord global est un enfant précieux à élever avec soin et amour». le message du médiateur kenyan est clair quant aux devoirs futurs des deux ex-belligérants. Cinq mille personnes étaient rassemblées au stade de Nairobi pour la cérémonie de signature du protocole d'accord de paix, contre-signé par le président kenyan, Mwaï Kibaki, dont le pays hébergea durant plus de deux ans les délégués des deux parties soudanaises, et le président ougandais, Yoweri Museveni, président en exercice de l'Igad (rassemblement des sept pays de l'Est de l'Afrique) partie prenante dans la médiation entre les belligérants soudanais. Pour sceller cet accord historique qui met un terme à une guerre de plus de 21 ans, des représentants de la communauté internationale ont également apposé, en tant que témoins, leur paraphe sur l'accord intersoudanais. C'est ainsi, que Colin Powell au nom des Etats-Unis, Patrick Mazimhaka, vice-président de la Commission africaine pour l'Union africaine, Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, le ministre de la Coopération et du Développement du Luxembourg, pour l'Union européenne et Jan Pronk, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Soudan, le secrétaire au Développement international, Hilary Benn, au nom de la Grande-Bretagne, et Hilda Johnson, ministre de la Coopération internationale pour la Norvège, en apposant leur signature au bas du document de cessation des hostilités, ont donné à cet accord une dimension internationale qui dépasse le seul vouloir des deux anciens belligérants, désormais tenus d'appliquer l'intégralité des articles du protocole de paix, tant il est vrai que c'est la mise en application de l'accord qui déterminera la volonté des deux parties de tourner définitivement la page et de travailler à la construction d'un Soudan uni tourné vers la paix. En effet, beaucoup de travail attend un pays qui a perdu dans cette guerre au long cours 1,5 million des siens et quatre millions de déplacés : réparer les destructions dans le sud, guérir les traumatismes subis par la population durant la guerre, faire retrouver à la population du Sud une vie normale et assurer le retour des réfugiés dans leur foyer. Mais au moment où à Nairobi, on célébrait la fin d'une guerre meurtrière, une autre se poursuit dans la province du Darfour qui jette quelque peu une ombre sur le cérémonial kenyan car la paix au Soudan reste fragile et la poursuite des combats au Darfour est là pour le rappeler. De la cérémonie de Nairobi, il faudra sans doute retenir cette image inédite du président soudanais, Hassan Omar Al-Béchir et l'ancien chef rebelle, futur vice-président du Soudan, John Garang, assis côte à côte, sorte de gage d'avenir pour ce pays meurtri par des guerres récurrentes.