Ban Ki-moon et Ramtane Lamamra au sanctuaire des Martyrs «L'Algérie peut être fière de son histoire dont l'attache est indéfectible aux droits de l'homme et à la justice», a-t-il affirmé sous l'oeil avisé du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. «Azul fellawen!», a lancé hier, au siège du ministère des Affaires étrangères à Alger, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, lors d'une conférence qu'il a animée devant les étudiants de l'Institut diplomatique et des relations internationales. Comme rétribution à cette salutation amazighe, une ovation chaleureuse fuse d'une assistance composée des membres du corps diplomatique accrédité à Alger, des journalistes et des étudiants, futurs diplomates. Après un très long combat et de durs sacrifices, la langue amazighe vient d'être consacrée langue officielle dans la nouvelle Constitution adoptée par les deux chambres du Parlement. Ban Ki-moon a impressionné hier son assistance, mais il s'est dit lui-même impressionné par l'Algérie, son parcours historique, sa jeunesse et sa manière à elle de régler ses problèmes. En se rendant hier, au Sanctuaire des martyrs, il s'est dit impressionné par ces Algériennes et ces Algériens qui ont sacrifié leur vie pour la liberté. «L'Algérie peut être fière de son histoire dont l'attache est indéfectible aux droits de l'homme et à la justice», a-t-il affirmé sous l'oeil avisé du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra. Le secrétaire général des Nations unies, s'est dit également «impressionné» par la politique de la «rahma» et de la réconciliation nationale prônée par l'Algérie pour vaincre le terrorisme. «Ce que j'ai appris de la politique de la «rahma» ou pitié m'a impressionné. Plutôt que de se laisser diviser par les terroristes, l'Algérie s'unit dans la solidarité», a indiqué M.Ban dans son point de presse. M.Ban s'est dit en outre «heureux» d'être en Algérie, pour la seconde fois en tant que secrétaire général, rappelant que sa première visite fut «très douloureuse». «C'était en 2007, après les attentats terroristes dirigés contre les bureaux de l'ONU à Alger», a-t-il rappelé. «De grands progrès ont été accomplis depuis lors, sous la direction du Président Bouteflika», a soutenu le SG de l'ONU, ajoutant qu'il «applaudit en particulier l'appui déclaré de M.Lamamra en faveur de la promotion des libertés et des droits de l'homme». Dans un clin d'oeil à la jeunesse, le SG de l'ONU a rappelé que l'Algérie a été libérée par des jeunes et les révoltes arabes ont été le fait d'un jeune. «Les hommes politiques doivent changer maintenant, c'est le message de cette jeunesse.» Abordant le dossier-clé de sa tournée dans la région, le Sahara occidental, Ban Ki-moon avait un appel urgent à lancer «plus d'attention et d'action» à la question du Sahara occidental occupé par le Maroc, en insistant sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination. «Les Sahraouis ont le droit à la dignité, à la protection de leurs droits humains et surtout à jouir de leur droit à l'autodétermination», a indiqué M.Ban (IDRI). Aussi, a-t-il demandé à son envoyé spécial, Christopher Ross de «reprendre ses tournées» pour relancer les pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario dans le cadre du règlement de la question sahraouie. «J'ai vu des visages souffrants, des visages qui parlent et qui crient leur douleur et lancent des messages au monde entier», a témoigné M.Ban évoquant sa visite dans les camps des réfugiés. Il a indiqué que ces derniers «souffrent depuis des générations», précisant avoir discuté avec «des jeunes qui perdent foi dans l'avenir». «Je leur ai promis de tout faire pour que les choses avancent», a-t-il ajouté. «Les parties en conflit n'ont fait aucun progrès réel dans les négociations devant aboutir à une solution politique juste, durable et acceptable par tous, fondée sur l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a encore regretté M.Ban. «Je suis profondément attristé par cette tragédie humanitaire. Le monde ne peut continuer à négliger les Sahraouis» a-t-il insisté, avec «l'appui de la région, de l'ONU et de la communauté internationale. Nous devons réagir». Dans ce sens, M.Ban a annoncé qu'il convoquera «prochainement» une réunion de donateurs «en vue de réunir des fonds pour que les besoins des réfugiés sahraouis puissent être satisfaits». Sur le dossier libyen, le SG de l'ONU a exprimé sa «profonde inquiétude» tout en relevant le rôle que joue l'Algérie, notamment «en accueillant les pourparlers des Libyens organisés sous l'égide des Nations unies», a ajouté M.Ban. Il a relevé en outre que des informations «alarmantes» parviennent de la Libye «sur des actes graves qui pourraient constituer des crimes de guerre». «Tous les acteurs extérieurs doivent user de leur influence pour calmer la situation. Si les choses ne progressent pas sur le plan politique, la crise humanitaire s'aggravera et les atteintes à la sécurité, y compris les attaques de Daesh, qui se multiplieront et gagneront du terrain», a averti M.Ban. Pour le Mali, M.Ban a exprimé ses «remerciements» à l'Algérie pour sa médiation ayant abouti à la signature d'un accord de paix et de réconciliation dans ce pays. «J'ai également remercié M.Lamamra de l'engagement que l'Algérie continue de manifester en faveur du Mali, en tant que principal médiateur du processus de paix. Nous sommes convenus de continuer à pousser pour que la médiation aboutisse.» Le président Bouteflika reçoit le secrétaire général de l'ONU Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu hier à Alger le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, en visite officielle en Algérie. L'audience s'est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, du ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel. Le secrétaire général de l'ONU est arrivé dans la soirée de samedi dernier à Alger dans le cadre de sa tournée dans la région en vue de relancer les négociations pour le règlement du conflit au Sahara occidental, opposant le Maroc au Front Polisario.