Une nouvelle série de discussions destinées à mettre fin au conflit en Syrie se déroulera à Genève du 14 au 24 mars, sous l'égide de l'ONU, a annoncé hier l'envoyé spécial pour la Syrie Staffan de Mistura. «Les délégations vont arriver au cours des prochains jours et les discussions de fond débuteront lundi (14) et ne dureront pas au-delà du 24 mars», a-t-il dit lors d'un point de presse. «Il y aura une pause d'une semaine à 10 jours et (les discussions) reprendront ensuite», a-t-il ajouté. Un précédent round de négociations organisé à Genève en février avait tourné court en raison d'une intensification des frappes aériennes en Syrie par la Russie, alliée de Damas. Depuis, un accord de cessation des hostilités a été négocié par Washington et Moscou et la trêve instaurée le 27 février semble tenir bon, malgré quelques incidents. Le régime de Damas a déjà annoncé qu'il enverrait une délégation à Genève, mais l'opposition n'a pas encore pris sa décision. Le coordinateur général du Haut comité des négociations (HCN, qui rassemble des groupes clés de l'opposition et de la rébellion syriennes), Riad Hijab, a déclaré que le HCN allait d'abord envoyer une petite délégation à Genève pour rencontrer la «task force» (groupe de travail) surveillant la trêve. Une réunion de ce groupe de travail, co-présidé par les Américains et les Russes, était prévue hier à Genève. Un autre groupe de travail sur l'aide humanitaire, mis en place par Moscou et Washington pour organiser avec l'ONU la distribution d'aide dans les villes assiégées de Syrie, s'est réuni dans la matinée, avant le point de presse. Par ailleurs, le chef de la diplomatie américaine John Kerry et ses homologues français, allemand, britannique et italien se réuniront dimanche à Paris pour faire le point sur la Syrie avant la reprise des pourparlers de paix à Genève, a annoncé hier le ministre français Jean-Marc Ayrault. Les cinq ministres vont examiner la solidité de la trêve en vigueur depuis le 27 février et «si tout avance comme nous le souhaitons (...) encourager l'opposition à revenir à la table des négociations», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères à quelques journalistes à l'occasion d'un déplacement au Caire. Les Européens vont aussi demander aux Américains, promoteurs avec les Russes de l'accord de trêve, à «être associés étroitement au contrôle de l'efficacité du cessez-le-feu en Syrie», a ajouté Jean-Marc Ayrault. Ils entendent s'assurer que les frappes russes qui se poursuivent visent bien uniquement les groupes jihadistes Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al Qaîda) et Etat islamique (EI) et non l'opposition. «Nous devons rester vigilants», a souligné M.Ayrault L'opposition, qui juge prioritaire la mise en place d'une autorité de transition sans rôle pour le président Bachar al-Assad, n'a pas encore tranché sur sa présence à ces pourparlers. John Kerry, Jean-Marc Ayrault, Frank-Walter Steinmeier, Philip Hammond et Paolo Gentiloni ainsi que la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini discuteront également de la situation en Libye, au Yémen et en Ukraine, a précisé le ministre français. En Libye, pays en proie au chaos et à la poussée de l'EI, les Européens poussent à la mise en place d'un gouvernement d'union nationale reconnu par tous et menacent de sanctions les chefs de clans les plus radicaux qui s'opposent à ce processus. «On a identifié un certain nombre de 'spoilers'' (responsables libyens freinant le processus de réconciliation nationale) et on veut leur envoyer un signal très clair, le plus tôt possible», a-t-on souligné de source diplomatique française.