Les prix du baril de pétrole ne devraient pas descendre en dessous de 30 dollars en 2005. Le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, s'est voulu rassurant quant à une baisse des prix du baril en affirmant: «Il est probable que les prix ne devraient pas descendre en dessous de 30 dollars le baril en 2005», assure le ministre dans un entretien au journal spécialisé Pétrole et Gaz arabes. Cependant, sans être alarmiste, M.Chakib Khelil a souligné que «les cours pourraient rester plus ou moins à leur niveau actuel au premier trimestre, baisser au cours du second trimestre s'il n'y a pas de changement structurel susceptible d'agir en sens contraire et se stabiliser au deuxième semestre vers 30 dollars le baril». Pragmatique, le ministre a estimé qu'au vu de la conjoncture mondiale actuelle, la croissance économique mondiale en 2005 «devrait être un peu plus faible», après avoir été particulièrement forte en 2004. Cette baisse dans la croissance économique mondiale devrait influer sur la demande pétrolière mondiale qui devrait «progresser de son côté plus faiblement». Si cet élément est facteur de baisse des cours du brut, Chakib Khelil souligne cependant qu'il existe des «incertitudes géopolitiques», susceptibles d'alimenter les craintes des investisseurs et des marchés et donc de soutenir les prix des hydrocarbures en référence aux conflits du Moyen-Orient et à l'insécurité régnant au Nigeria. D'ailleurs, le géant anglo-néerlandais Shell a fermé la semaine dernière une nouvelle station de pompage de pétrole, qui produit 8000 barils de brut par jour. «Il n'y a pas de doute qu'il y aura encore de graves troubles en Irak. Des perturbations devraient à nouveau affecter certains pays producteurs tels que le Nigeria et la Norvège (pays non membres de l'Opep)», explique Chakib Khelil. Parmi les autres facteurs pouvant intervenir dans la hausse des prix du baril de pétrole, Chakib Khelil cite «la capacité de raffinage» qui, selon lui, reste limitée au regard de la demande de carburants raffinés. «On a bien vu en 2004 qu'une augmentation de l'offre de bruts lourds ne réglait pas les problèmes car les raffineurs étaient surtout demandeurs en bruts légers. Cette contrainte ne va pas disparaître en 2005», affirme le ministre, avant d'ajouter «l'absence d'un important surplus de capacité de production est une questionmajeure». Cependant, plusieurs pays membres de l'Opep, dont la prochaine réunion extraordinaire aura lieu le 30 janvier à Genève, envisagent d'accroître leurs capacités pour répondre à une demande sans cesse croissante, «mais il faudrait retrouver une marge de manoeuvre de l'ordre de 4-5 millions de barils par jour pour être à l'abri des tensions», estime Chakib Khelil. De ce fait et compte tenu de la dernière décision de l'Opep de maintenir son quota de production inchangé à 27 millions de barils par jour (mbj) et de bannir, à compter de ce mois, les dépassements soit 1mbj, la production algérienne sera revue à la baisse pour passer de 1,4 mbj à 1, 34 mbj, a, en outre, déclaré le ministre. «Notre capacité actuelle s'élève à 1,45 mbj», précise le ministre, qui confirme également que la capacité de production algérienne s'approche de 1,5 mbj. «Avec la montée en puissance de la production de ROD (projet pétrolier situé dans le bassin de Berkine et opéré conjointement par la Sonatrach et l'australo-britannique, BHP Billiton), nous serons à 1,5 mbj puisque le plateau de ROD sera de 80.000 barils par jour», détaille-t-il. Interpellé sur les projets de Sonatrach au niveau international, Chakib Khelil a affirmé qu'il y va de l'intérêt de Sonatrach d'étendre ses activités en dehors de l'Afrique où elle demeure number one des entreprises. «Il est important de pénétrer le marché asiatique dont la croissance de la demande sera la plus forte», indique-t-il. Cependant, l'objectif clé de Sontratch demeure le gaz, souligne le ministre. «Notre marché principal restera l'Union européenne, mais nous voulons accroître aussi nos exportations vers les Etats-Unis», souligne le ministre, qui estime également «très important pour Sonatrach de s'établir en Afrique», citant l'Angola, le Nigeria et la Guinée équatoriale.