Depuis quelques jours, un vent de rumeurs sur la vente de la chaîne KBC, circule sur la Toile et les journaux, qu'en est-il réellement? Il faut savoir que la majorité des chaînes privées n'est pas subventionnée comme ce fut le cas pour la presse écrite privée où durant le mandat du gouvernement Hamrouche, certains nouveaux titres de la presse écrite privée ont bénéficié de budget de démarrage et même de locaux gratuitement. Pour l'audiovisuel privé, c'est une autre situation qui se présente. Ainsi, KBC, qui a été financée sur les fonds propres du groupe d'El Khabar et dont les locaux se situent à l'intérieur même de l'imprimerie de celui-ci, n'a pas trop investi dans la production interne. Malgré la qualité de ses studios, (trop exigus pour l'ensemble de la production de la chaîne). Dès son lancement en 2014, KBC qui avait peut-être l'ambition de devenir une grande chaîne privée comme c'est le cas pour le quotidien, a échoué dans sa mission. D'abord, par son mauvais démarrage. La direction avait choisi Madani Ameur comme premier directeur de la chaîne. L'ancien présentateur vedette de l'Entv était revenu en Algérie après une bonne carrière dans les pays du Golfe, à Doha chez Qatar TV, mais aussi chez d'autres chaînes arabes installées à Londres. Mais dès son arrivée, ce professionnel du petit écran butait sur des problèmes internes. Il quitte finalement la chaîne pour céder sa place à l'ancien directeur d'El Khabar Ali Djerri. Ce dernier qui n'a jamais dirigé une chaîne de télévision avait fait une petite escale chez El Djazairia Tv, comme responsable de l'information. Il était venu combler le vide laissé par Hmida Ayachi qui avait quitté précipitamment la chaîne pour d'autres cieux. Dès son arrivée, le nouveau directeur de KBC voulait donner à la chaîne le cachet de la différence par rapport aux deux principales chaînes Ennahar TV et Echourouk TV. Pour ce faire, il a imposé sa touche pour le Ramadhan 2014, avec un programme très riche, impliquant la caméra cachée Opération Thai Thai produite par Sofiane Dani, des séries produites par Hakim Dekkar et surtout Lakhdar Boukhers, qui, après avoir fait le tour des chaînes privées a atterri à KBC pour inscrire sa présence ramadhanesque. Malgré ce bon programme, la publicité n'a pas suivi sur KBC et la chaîne connaîtra sa première déroute dans la gestion. Inscrite dans le clan des médias de l'opposition, les annonceurs évitaient KBC, même si celle-ci a évité de faire de la politique et avait choisi le divertissement. Voyant que la publicité locale n'arrivait pas, KBC décide de jouer à l'international arabe et achète à coup de milliers d'euros, les droits de diffusion de la Star Academy arabe. Un choix suicidaire, puisque les opérateurs de téléphonie, principaux annonceurs des émissions de télé crochet n'ont pas suivi. Du coup, 2015 sera l'année des dettes, plusieurs producteurs privés comme Dani, Boukhers, Dekkar, réclament leurs dus des productions faites pour le Ramadhan 2014 et pour lesquelles ils n'ont pas été payés. Le Ramadhan 2015, Ali Djerri réduit les coûts financiers de la production et rachète les productions de Atlas TV fermée par le gouvernement et offre un espace pour la série loufoque Djornane Gosto. Mais la chaîne ne décolle pas, malgré les bons chiffres d'audience réalisés grâce à la série produite de Riad Redjdal. Finalement, KBC s'endette encore plus et doit encore de l'argent à la société qui produit Djornane Gosto. Depuis, la société qui finance les productions externes de KBC, World Vision, a cessé les contrats avec les producteurs privés et ne produit ses émissions que localement. Les dettes des producteurs chez KBC s'élèveraient selon certaines sources à 25 milliards, mais d'autres dettes sont à prévoir. En vendant KBC, le groupe El Khabar se débarrasserait d'un grand fardeau et sauvegarderait le quotidien El Khabar, qui est déjà asphyxié par le manque de publicité. [email protected]