La police se déploie en se dotant de moyens à la mesure de ses nouvelles missions. L'opération de télésurveillance qui a ciblé la capitale et qui a mené à placer des caméras dans les centres névralgiques et les grands axes urbains sera étendue à d'autres villes du pays. La nouvelle stratégie initiée par la police veut que le déploiement gagne les villages et agglomérations les plus reculés, tout en donnant l'image du policier discret et effacé de la vie quotidienne. «Nous procèderons au recrutement de 40.000 nouveaux policiers afin de pallier le manque des effectifs dans certaines zones et de pouvoir couvrir de la sorte, l'ensemble des villes», a relevé le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, confirmant son option de «police de proximité», un choix essentiel selon lui, «pour regagner la confiance du citoyen et être au centre des cités, et donc, de ce qui s'y passe». Depuis deux ans, la Dgsn s'est restructurée en fonction de l'accalmie sécuritaire et des nouvelles missions qui lui sont dévolues. Avec le recul du terrorisme dans les grands axes urbains, c'est vers la prévention qu'elle s'oriente, une meilleure occupation du terrain et un respect plus prononcé des procédures. Il y a quelques jours, un officier de police nous affirmait qu'il avait dû patienter tout le week-end pour se faire délivrer un mandat de perquisition et fouiller la maison d'un gros revendeur de drogue, «parce qu'il n'est plus toléré de commettre des manquements envers le citoyen, fût-il un criminel». L'année 2005 pointe pour la police sous le signe de la «sécurité maximale»: il n'y a plus de zones de turbulences dans les grandes villes, les zones-crise sont mieux gérées, les effectifs en légère hausse (quelque 140.000 hommes) et le terrorisme, neutralisé dans les centres urbains, ne subsiste que de façon sporadique dans la périphérie de certaines régions du Centre. Avec plusieurs points gagnés sur le Gspc et le GIA en 2004, notamment dans la capitale, les services de police comptent étendre le rigoureux maillage sécuritaire qui entoure Alger aux grandes villes du pays avec un effectif conséquent mais surtout compétent, car «le critère de compétence est désormais de mise», estime un fonctionnaire de la DG de la police. La fin de l'année 2002 a signifié pour la police la désagrégation du GIA (notamment avec la neutralisation de Antar Zouabri en février et le démantèlement de plusieurs réseaux actifs dans la capitale et la Mitidja), mais aussi l'«assainissement global», avec 120 policiers arrêtés et traduits devant les commissions de discipline, et 989 cas de dépassements enregistrés contre leurs propres structures et immédiatement sanctionnés. En 2003 et 2004, la police se dote de moyens nouveaux, d'une logistique moderne, renouvelle son parc roulant, forme et redéploie ses hommes dans une perspective «de proximité» et qui s'est traduit par une «meilleure occupation du terrain» et donc moins d'attentats. Cependant, dans une proportion inverse au dépérissement du terrorisme islamiste, une criminalité s'est constituée et a évolué vers une violence liée au vol, au trafic, au braquage et à la délinquance. Cette nouvelle forme de violence a accaparé la quasi-totalité du temps de la police, et c'est vers l'endiguement de cette violence qu'elle fait face en 2005, le terrorisme restant une menace constante, mais quasi invisible.