Le porte-parole de l'aile dialoguiste des archs, Belaïd Abrika, n'a pas exclu, hier, l'éventualité d'un recours à la rue après les déclarations du chef de l'Etat à Constantine, à travers lesquelles il a écarté toute possibilité d'officialiser la langue amazighe. Abrika et ses camarades vont-ils radicaliser le mouvement ? Vont-ils appeler au boycott de la consultation référendaire du 29 septembre ? « Les directions tournantes du mouvement vont tenir une réunion d'urgence lundi prochain (demain, ndlr) pour analyser cette nouvelle donne et pour prendre les mesures nécessaires », s'est contenté de dire le porte-parole des archs au cours d'une conférence de presse animée, hier, à la maison de la presse Tahar Djaout. Après avoir retracé les différentes étapes du processus du dialogue engagé avec le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, qui ont abouti, selon l'orateur, à la signature, le 15 janvier dernier, d'un « protocole d'accord global », avec les « représentants de l'Etat », le conférencier a imputé l'entière responsabilité de la brutale interruption du dialogue au chef de l'Etat. « L'accord convenu portait sur le suivi et la mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur », a estimé Abrika et de préciser que « cela signifie l'engagement solennel de l'Etat à satisfaire l'ensemble des points inscrits dans le document ». Pour Abrika, le principe de l'officialisation de tamazight sans référendum a été accepté, du moins, par le chef du gouvernement. « Reste le quand, le comment et les moyens à mettre en œuvre pour les besoins de cette consécration », a-t-il affirmé. Le conférencier, qui a toujours cru déceler « des gages de bonne volonté chez le Pouvoir », n'arrive pas, toutefois, à expliquer les dessous de la subite « volte-face » de Bouteflika. « La plate-forme d'El Kseur n'arrange pas tout le monde », a-t-il dit. Tout au long de son point de presse, Abrika a refusé d'admettre l'argument brandi par ses adversaires, selon lequel la délégation qui s'est rendue chez Ouyahia « a manqué de prévision ». Quelque peu gêné, le délégué de la ville des Genêts a préféré escamoter notre question. « Quelle différence y a-t-il entre les anciens délégués conduits par Salim Alilouche et qu'on a toujours, à tort ou à raison, traités de ‘'faux dialoguistes'' et les nouveaux dialoguistes, pilotés par Abrika ? » Les observateurs diraient que les deux démarches ont abouti au même naufrage. Les premiers ont négocié avec Ali Benflis, ancien chef de gouvernement sous Bouteflika, les seconds avec Ahmed Ouyahia, autre chef du gouvernement sous le règne du même Président. Abrika a expliqué, à sa manière, la différence entre les deux délégations : « Contrairement à ce groupe, nous sommes mandatés par le mouvement citoyen. On n'est pas là pour des intérêts personnels, mais pour servir la Kabylie qui nous a chargés de nous battre dans le cadre de la plate-forme d'El Kseur. » Qui est visé par la « déclaration de Constantine » ? La Kabylie ? Ouyahia ? Y a-t-il des divergences entre le chef de l'Etat et son chef du gouvernement ? Abrika n'était pas en mesure d'apporter des éléments de réponses. « Il leur appartient de s'expliquer publiquement », a-t-il souligné dans une réponse laconique. A entendre parler Abrika, la radicalisation du mouvement à travers des actions de rue et le probable boycott du référendum sont deux options envisageables à court terme. Cependant, pour réussir de telles actions, il faudra une forte capacité de mobilisation. Or, les analystes de la scène politique estiment que l'aile dialoguiste des archs a perdu à présent son capital crédibilité. Ainsi, les archs vont renouer avec la spirale des conclaves. « Le mouvement citoyen est plus que jamais déterminé à faire aboutir pacifiquement ses revendications », a conclu Abrika. Pour peu que les erreurs du passé soient bien prises en compte.